Le sport dans l’Aube

L’été 2024 sera marqué par une actualité sportive très riche : le Championnat d’Europe de football, le Tour de France cycliste puis les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. A cette occasion, les Archives départementales de l’Aube proposent deux nouveaux fonds figurés en ligne : 38 Fi (38 Fi - Evènements sportifs aubois.), 41 Fi (courses cyclistes au vélodrome de Troyes) et 44 Fi (44 Fi - Collection de photographies relatives au football) sur le thème du sport entre les années 1930 et 1950 principalement. Ces photographies évoquent deux des sports les plus populaires en France à partir du XIXe siècle : le cyclisme et le football. Une troisième partie du fonds rappelle les débuts d’un club troyen, le Sporting Union Motocycliste de l’Aube (SUMA) qui s’est rapidement illustré dans sa discipline : le motoball.

Le cyclisme

A la fin du XIXe siècle, la IIIe République souhaite développer les activités sportives en France. Elle encourage le développement des sociétés et associations sportives et, dans les écoles, introduit des exercices physiques et militaires afin de former des fantassins robustes et courageux. L’un des sports phare de cette montée en puissance du sport est le cyclisme. Ce sport connaît un développement précoce dans l’Aube grâce au Véloce-Club de Troyes (1880), au Sport vélocipédique troyen (1888), à la pédale troyenne (1896), rattachées en 1906 à l’Union Vélo Club de l'Aube (UVCA).

Des courses sur piste sont organisées dès la fin du XIXe siècle tandis que des vélodromes en bois ou en béton voient le jour en France. Au début des années 1890[1], Troyes construit son propre vélodrome à Croncels. Situé rue des Bergers et occupant une surface de 16 500 m², le vélodrome se compose d’une patinoire de 700m², d’une piste cimentée de 375m de tour et de plusieurs bâtiments.

Les vélodromes constituent des espaces de loisirs tout autant que de sociabilité et de convivialité, aussi bien pour la population que pour les associations sportives locales qui viennent encourager les meilleurs coureurs nationaux et internationaux de l’époque. Toutefois, le vélodrome de Troyes est démoli au début des années 1930. Le 11 octobre 1931, l’UVA offre aux troyens une réunion de clôture avec les cyclistes Marcel et Jean Bidot, Oppermann et Magne. Il laisse la place à une école, l’actuel groupe scolaire Paul Bert, rue Edouard Vaillant, construit à partir de 1932.

Les courses sur piste sont concurrencées par celles sur route qui attirent un public toujours plus nombreux.

Plusieurs courses se déroulent dans l’Aube : la course Paris-Troyes, très suivie, elle attire 400 concurrents en 1902, le prix Saint-Lyé, le prix de l'Union Vélo Club de l'Aube (U.V.C.A) ou le championnat de l’Aube des 100 km.

Sans oublier la grande course nationale, le Tour de France, créé en 1903, qui connaît rapidement un grand succès. Le Tour passe pour la première fois dans l’Aube le 30 juillet 1939, et emprunte ensuite les routes du département assez régulièrement (1954, 1960, 1963, 1987, 2000, 2003, 2017, 2022 et 2024).

Marcel Bidot (1902-1995), un aubois, est une figure du cyclisme national. Au cours des années 1920, il remporte de nombreuses épreuves, le grand prix de l’Union Vélocipédique de l’Aube, le prix Henriot, le championnat de l’Aube des 100 km ou le trophée de France. A partir de 1926, il participe au Tour de France, en 1928-1929, il en gagne une étape et se classe 5e en 1930. Il termine sa carrière en 1939 et devient directeur sportif.

Le football

Le football connaît un succès grandissant auprès des jeunes au début du XXe siècle. En 1929, on compte29 clubs affiliés au district de l’Aube. Créé en 1900, le premier club troyen, L’Union sportive troyenne, tient tête aux meilleures équipes de la région parisienne avant la Première guerre mondiale. En 1930, plusieurs clubs se rendent compte de la nécessité d’une entente commune, l’Union sportive troyenne, l’Association sportive savinienne et le Rugby club troyen se regroupent au sein de l’Association Sportive Troyes-Sainte-Savine.

En 1935, l’ASTS adhère au professionnalisme, elle y évoluera avec des fortunes diverses : trois saisons en D1 (1954 à 1956 et en 1960-1961), une finale de Coupe de France contre Sedan en 1956 ou une Coupe Gambardella remportée par l’équipe jeune du club en 1956.

En 1967, le club disparaît, avant d’être remplacé quelques années plus tard par le TAF (Troyes Aube Football). En 1986, l’Association Troyes Aube Champagne (ATAC) succède au TAF, disparu en 1979. Le club changera de nom en 2000 – 2001 pour devenir l’Espérance Sportive Troyes Aube Champagne (ESTAC), l’actuel club de football troyen, qui connaît alors les plus belles heures de son histoire avec une 7e place au Championnat de France de Ligue 1 (2001-2002) et une victoire en Coupe Intertoto (2001).

Le motoball

Au cours de l’entre-deux-guerres, un autre sport, plus marginal mais très populaire, connaît un succès grandissant à Troyes : le motoball.

En 1932, l’Union Motocycliste de l’Aube (UMA) lance ce nouveau sport à Troyes. Le motoball s’apparente au foot sur des motos dont la cylindrée peut atteindre 500 cm3. L’UMA, devenu le Racer de Troyes en 1936, s’impose rapidement face à ses adversaires. En 1937, le Racer l’emporte contre Carpentras et devient champion national. Ensuite, c’est au tour du Sporting Union Motocycliste de l’Aube (SUMA) de connaître le succès.

La Seconde Guerre mondiale a des répercussions sur le développement du motoball. Les fabricants ne peuvent pas continuer à construire les machines et abandonnent la fabrication des pièces détachées. Les motos sont également camouflées afin de ne pas tomber aux mains de l’occupant. Le club survit à cette période difficile et s’illustre encore aujourd’hui au plus haut niveau de la discipline. Il est 18 fois champion de France de l’élite 1 entre 1948 et 2022 (palmarès complet). Il évolue actuellement au stade Gaston-Arboin, près du stade de l’Aube à Troyes.

Adrien FLAMME

Juillet 2024

[1]La date de construction est incertaine, le vélodrome a été construit entre 1893, date de vente du terrain et 1896 au plus tard, des courses sont organisées cette année-là (consulter le document 126 J 46).