Pose des trois premières pierres de la chapelle de l'Hôtel-Dieu-Le-Comte

La construction de la nouvelle chapelle de l’hôtel-Dieu ayant commencé en mars 1759, c’est au cours du printemps que le bureau des Hôpitaux réunis décide d’organiser une cérémonie pour l’apposition des trois premières pierres, souhaitant inviter pour l’évènement les ducs de Luxembourg, d’Aumont et d’Estissac, dont les duchés pairies sont très proches de Troyes et accueillent fréquemment des biens appartenant à l’hôtel-Dieu. Ne pouvant se libérer, les ducs de Luxembourg et d’Aumont donnent procuration à Armand-François de La Rochefoucauld, duc d’Estissac, afin qu’il pose les trois premières pierres en leur nom.

Afin de préparer sa venue, l’évêque de Troyes et le bureau des Hôpitaux réunis invitent le corps municipal, les chapitres Saint-Pierre, Saint-Etienne et Saint-Urbain, les officiers du Baillage de Troyes ainsi que ceux de l’élection de Troyes. La date de la cérémonie étant fixée au 19 octobre 1759, le corps municipal organise l’arrivée du duc et sollicite les huit compagnies de milices bourgeoises. Le jour de la cérémonie, quatre d’entre elles sont postées à la Porte du Beffroi pour l’accueillir et l’accompagner jusqu’à la porte de l’évêché où attendent les quatre autres compagnies. Le duc y est également reçu par l’évêque et l’ensemble des compagnies ecclésiastiques et séculières de la ville, réunis ainsi pour lui témoigner toute leur reconnaissance pour la protection et la charité dont il fait preuve envers l’hôtel-Dieu.

Escorté par le maire, les échevins, le corps municipal, les directeurs et administrateurs des Hôpitaux réunis ainsi que par un nombre importants de personnalités locales, le duc d’Estissac se rend ensuite du palais épiscopal jusqu’à l’hôtel-Dieu. Il trouve sur son passage les huit compagnies de milice rangées en haies, les officiers en tête, saluant au son des tambours battant aux champs.

Après être entré par la cour d’honneur, le duc d’Estissac rejoint dans la chapelle le reste de l’assemblée. Dans une boite, il dépose deux médailles, l’une en argent et l’autre en cuivre, toutes deux couvertes de cire et frappées de ses armes, titres et qualités. Cette boite est ensuite insérée dans un pilier, situé au sud-ouest de l’entrée. La cavité est refermée sous le regard du duc, les acclamations de la foule et le son d’instruments de musique. De la même manière, deux médailles couvertes de cire et marquées aux armes, titres et qualités des ducs de Luxembourg et d’Aumont sont mises en boites. Celle du duc de Luxembourg est intégrée dans un pilier au nord-est, alors que celle du duc d’Aumont est scellée dans un pilier coté sud-ouest, tous deux au fond de la chapelle. La cérémonie terminée, le duc d’Estissac est reconduit au palais épiscopal par le même cortège, où il est remercié une nouvelle fois.

La journée se prolonge par un diner donné par l’évêque et servi à un nombre conséquent de convives. Se levant et buvant à la santé du roi, à l’instar de l’assemblé qui scande « Vive le Roi », le duc quitte la table pour entrer dans un autre appartement où l’attendent Mademoiselle de Cicé et des dames de la province et de la ville qui, n’ayant pas été invitées, désirent montrer leur attachement à cette cérémonie.

Au lendemain, le duc d’Estissac remet 3 600 livres à l’administration des Hôpitaux réunis et charge celle-ci de délibérer sur l’usage à faire de ce don, qu’il fait aussi bien en son nom propre qu’en celui des ducs de Luxembourg et d’Aumont. Répartie en 3 paquets de 50 louis d’or de 24 livres, cette somme est finalement destinée à la chapelle de l’Hôtel-Dieu-Le-Comte et à la poursuite de sa construction.

Anne-Lise Drège

Octobre 2022