L’Exposition de Troyes illustrée

Dans son Dictionnaire des idées reçues, Gustave Flaubert donne à « exposition » la définition suivante : « Sujet de délire du XIXe siècle ». Il s’agit en effet d’un phénomène majeur de ce siècle. A partir de 1851 et de la première exposition universelle à Londres, le rythme devient rapidement effréné : aux expositions universelles qui se succèdent à Paris, Londres ou encore Chicago, s’ajoutent les expositions internationales au rayonnement de moindre envergure, et à cette actualité chargée s’ajoutent encore les expositions régionales. La ville de Troyes et le département de l’Aube n’ont pas échappé à ce tourbillon et en 1860 une exposition est ainsi organisée à Troyes.

L’exposition de Troyes se déroule selon des modalités bien établies et affinées lors des multiples manifestations qui l’ont précédé en France et dans le monde : les exposants ont été répartis en groupes (Beaux-Arts, Industrie et Horticulture) et sous-groupes thématiques et de nombreuses médailles et récompenses leur ont été remises. Des cérémonies d’inauguration et de clôture ainsi que de nombreuses animations ont jalonné le calendrier de l’exposition. Les exposants ont pris place dans divers lieux à travers la ville, dans des bâtiments préexistants ou édifiés pour l’occasion et voués à disparaitre à la clôture de l’exposition. Le bâtiment principal, dédié à l’industrie, a été la grande halle aux blés qui se trouvait place de la préfecture. Les artistes exposant dans la catégorie des Beaux-Arts ont quant à eux bénéficié d’espaces au musée Saint-Loup.

Les expositions ont souvent donné lieu à une abondante production éditoriale : catalogues, rapports, articles et comptes rendus visent autant à faire rayonner l’exposition qu’à en pérenniser le souvenir. Nombre d’expositions se sont également pourvu de leur propre journal, destiné à ne durer que le temps de l’évènement. C’est le cas de l’exposition de Troyes qui a donné lieu à la création de L’Exposition de Troyes illustrée, un journal semi hebdomadaire dont les Archives départementales de l’Aube conservent une collection reliée sous la cote BG 19. Ce journal permettait d’une part aux habitants de Troyes et aux visiteurs de suivre l’actualité de l’exposition, et d’autre part d’en garder un souvenir : le journal a en effet été conçu pour que l’ensemble des numéros soient reliés ensemble, formant ainsi un ouvrage pourvu d’un sommaire. Il était possible de s’abonner à ce journal, qui a également été proposé en supplément aux abonnés de plusieurs titres locaux : L’Aube - Journal des intérêts de la Champagne, Le Courrier de Bar-sur-Seine, L’Echo d’Arcis, L’Echo Nogentais et Le Mémorial de Bar-sur-Aube.

Le caractère éphémère des expositions du XIXe siècle et d’une partie de leurs bâtiments donne une importance particulière aux publications qui les ont accompagnées. Elles sont aujourd’hui pour les historiens un précieux complément aux fonds d’archives. Les archives de l’exposition de Troyes se trouvent aujourd’hui principalement dans les sous-séries 2 FT, 1FiT et 4 FiT des archives de la ville de Troyes.

La participation des habitants, collectivités et entreprises du département de l’Aube aux expositions du XIXe siècle ne s’est pas limité à celle de Troyes en 1860 : des délégations, des marchandises et des visiteurs ont à de multiples reprises représenté le département lors d’expositions en France comme à l’étranger. La sous-série 8 M des Archives départementales de l’Aube notamment permet aujourd’hui d’explorer cette histoire (consulter l'inventaire ici).

Tanguy Le Roux

Juillet 2023