La construction de l’autoroute A26 dans l’Aube
L’idée de construire une nouvelle autoroute partant de Calais pour rejoindre l’autoroute A5 au sud de Troyes émerge dans les années 1960. Cet axe permettant de relier le nord et le sud de la France sans passer par la capitale sera rapidement surnommé « l’autoroute des Anglais ». En 1982, et pour faire face à l’accroissement du réseau autoroutier français, une harmonisation de la nomenclature est mise en place. Désormais, les autoroutes seront nommées de la lettre A et d’un, deux ou trois chiffres. L’axe Calais-Troyes est nommé A26.
Une étude préliminaire est commandée en 1971 par le Service d’Études Techniques des Routes et Autoroutes (SETRA), division des routes et autoroutes de rase campagne. Elle vise à définir des solutions d’aménagement devant être effectives au début des années 1990. Grâce aux résultats encourageants de l’étude des sols, deux variantes peuvent être proposées en 1972. La première présente un axe Troyes-Montbard-Semur-en-Auxois-A6, la deuxième un axe Troyes-Châtillon-sur-Seine-Dijon-A37-A6. L’ingénieur des Travaux Public de l’État précise qu’en vue de l’industrialisation au nord et à l’est de l’agglomération troyenne, il est indispensable que les liaisons troyennes donnent une priorité aux secteurs nord et est.
Des réunions préparatoires sont fixées régulièrement entre 1974 et 1977 sur différentes thématiques : concertation entre les maires dont les communes doivent être traversées par l’autoroute pour déterminer l’emplacement de la bande 1 kilomètre, conséquences sur l’agriculture, choix de l’emplacement des échangeurs, enquête préalable à la déclaration d’utilité publique, refonte des Plans d’Occupation des Sols, etc. Les études topographiques et de reconnaissance du sous-sol font l’objet d’un arrêté préfectoral adressé aux maires en avril 1977.
Les études montrent notamment l’importance donnée à la préservation du champ de tir de Creney et de la forêt de Clairvaux qui doivent être traversés par l’axe autoroutier. Pour cette dernière, une étude comparative est menée afin de trouver le meilleur emplacement. Là encore deux axes sont proposés passant au nord de la ligne électrique à Haute Tension Creney-Rolampont en traversant le Val Brûlé et le Vallon Saint-Bernard. Cette initiative montre la nécessité de multiplier les axes de transports routiers français pour faire face à la modernité croissante, tout en tentant de protéger la nature et le patrimoine.
La construction de l’autoroute A26 a été aussi l’occasion de faire de belles découvertes archéologiques. Des prospections aériennes et les fouilles de sauvetage qui ont suivies en 1990 ont permis d’exhumer un vaste monument funéraire du Ve siècle avant notre ère sur la commune de Bouranton, au lieu-dit Michaulot. Une chambre funéraire de 45 m² est mise au jour.
Le défunt, âgé d’une quarantaine d’année, a été inhumé avec un nécessaire de toilette, un bracelet en or, une pointe de lance et un poignard en fer dans son fourreau en cuir. Le char qui l’accompagne est d’une facture si exceptionnelle que les archéologues lui donnent la nomination de « tombe à char ».
La construction de l’A26 commencée en 1977 se termine en 1992 avec l’ouverture du tronçon Châlons-en-Champagne-Troyes le 30 juin. Ainsi, l’autoroute A26 ouverte à Calais, partage un tronçon de l’A4 à hauteur de Reims avant de rejoindre l’A5 au sud de Troyes pour relier Dijon.
Aurélie Gauthier
Janvier 2024
Pavé technique
- Fonds : 1673 W. Service producteur : Direction Départementale de l’Équipement. 1971-1993. 5,10 ml. Date d’entrée aux Archives départementales : 27-10-2009. Numéro d’entrée : 56211.
Pour aller plus loin
- Fonds 1115 W : Préfecture de l’Aube, bureau des élections et de la réglementation générale. Élections professionnelles et réglementation administrative. Et plus spécifiquement les cotes 1115 W 25 à 31 : Réglementation générale, autoroute A26 (1973-1979).
- T. P., « Ouverture aujourd’hui du tronçon entre Troyes et Châlons-sur-Marne. L’autoroute A 26 : une chance de développement économique pour l’Aube ? », l’Est-Éclair, mardi 30 juin 1992, p. 5.
- VERBRUGGHE, Geert, « Bouranton, « Michaulot » : un ensemble funéraire monumental d’un guerrier du début du second âge du fer à l’est de l’agglomération troyenne » dans DOHRMANN Nicolas, RIQUIER Vincent (dir.), Archéologie dans l’Aube. Des premiers paysans au prince de Lavau, 5300 à 450 avant notre ère, catalogue de l’exposition ArkéAube. Des premiers paysans au prince de Lavau [Troyes, Hôtel-Dieu-le-Comte, 5 mai 2018-29 septembre 2019], Snoeck, p. 246-253.