Gabriel Bonvalot, un explorateur aubois

Gabriel Bonvalot est né à Epagne, près de Brienne-le-Château, le 14 juillet 1853.

Passionné par l’histoire et la géographie, il acquiert très tôt le goût de la découverte et des voyages. Lors son vingtième anniversaire, en 1873, il débute un périple en Europe et traverse la Suisse, l’Italie, l’Espagne ou encore l’Allemagne. Il cherche à s’intégrer aux populations locales en exerçant un métier afin de mieux connaître les régions traversées. Ces premiers voyages peuvent être considérés comme une préfiguration de ses voyages en Asie centrale[1] où il prendra soin, à travers plusieurs ouvrages aujourd’hui conservés aux Archives départementales, de décrire précisément les pays traversés et de donner des renseignements sur leurs habitants.

Il entreprend son premier voyage en Asie en 1880. Il est missionné par le Ministère de l’instruction publique pour explorer cette région en compagnie du naturaliste Guillaume Chapus. Ensemble, ils visitent les grandes villes du Turkestan.

Quelques années plus tard, ils effectuent un second voyage dans la région en compagnie du peintre champenois Albert Pépin pour illustrer l’expédition. Après avoir débuté leur périple dans le Caucase, les trois hommes rejoignent la Perse (Iran actuel) avant de s’arrêter pour l’hiver dans la ville de Samarcande[2]. Ils se dirigent ensuite vers l’Inde en traversant le massif montagneux du Pamir par des températures de -25 degrés.

A son retour en France, Gabriel Bonvalot reçoit les félicitations de la Société de géographie à la Sorbonne. Il est fait chevalier de la Légion d’honneur en 1888.

En septembre 1889, il repart en expédition avec le prince Henri d’Orléans. Ensemble, ils entreprennent la traversée du Tibet vers les Indes et le Tonkin[3], en partant de la Russie. Ils parviennent à Hanoï au Vietnam à la fin de l’année 1890. Après leur retour en France, tous deux reçoivent les honneurs de la Société de Géographie.

Lors de ces différents voyages, Gabriel Bonvalot prend soin de noter une multitude de renseignements sur son expédition : les préparatifs du voyage (matériel, provisions, montures…), le parcours choisi, les conditions extrêmes (froid, hautes altitudes, vent violent…), les difficultés quotidiennes (épuisement, mauvaise alimentation…). Il décrit également les pays traversés, il recueille des données sur la faune, la flore ou la géologie.

Il collecte également des informations sur les modes de vie, les coutumes ou les religions des populations rencontrées, souvent peu connues en France : Turkmènes, Ouzbeks, Tibétains….

Par ses ouvrages, il cherche à améliorer les connaissances sur cette région du globe, dans un contexte marqué par les dernières grandes explorations des terres inconnues ou peu connues des Européens et par la colonisation.

L’expédition entreprise avec Henri d’Orléans est le dernier voyage asiatique de Gabriel Bonvalot. Il part ensuite à la découverte des pays d’Afrique du Nord en 1893. En 1897, le ministère des Colonies lui confie une seconde mission en Afrique, en Abyssinie[4], où il prépare la mission Marchand au Soudan[5].

Entre temps, en 1894, il fonde le comité Dupleix, destiné à promouvoir le développement de l’Afrique. En cette période de colonisation, il veille à mobiliser l’opinion française en faveur des possessions lointaines. Son voyage en Abyssinie sera son dernier. Il entame ensuite une carrière politique et devient, entre autres, maire de Brienne-le-Château (1912-1920), puis membre du conseil municipal de cette même ville.

Il décède à Auteuil le 9 décembre 1933.

Adrien FLAMME

Décembre 2023

[1] L’Asie centrale est une région du continent asiatique qui s’étend de la Mer Caspienne à l’ouest, de la Chine à l’est, de la Russie au nord et de l’Iran et de l’Afghanistan au sud.

[2] Ville dont les origines remontent à l’Antiquité, elle est riche de plusieurs monuments historiques aujourd’hui classés patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO. Elle se situe en Ouzbékistan.

[3] Région du Vietnam.

[4] Corne de l’Afrique (est du continent)

[5] Cette mission se soldera par un incident diplomatique avec le Royaume-Uni qui souhaite prendre également le contrôle de la région. La mission Marchand finit par se retirer pour éviter tout affrontement avec les Britanniques, futurs alliés de la France.