Toussaint 1914 : un hommage spontané aux soldats morts pour la France

Le 1er novembre 1914, un hommage spontané est rendu aux soldats morts pendant la Première Guerre mondiale. Pour en assurer le bon déroulement, la municipalité autorise l’installation réglementée de marchés aux fleurs et aménage également la voirie aux abords et dans l’enceinte du cimetière pour y faciliter la circulation et les rassemblements. Des cortèges militaires et civils, associés à cet événement, défilent en procession, de l’Hôtel-de-Ville jusqu’au carré militaire du cimetière municipal.

Les quatre années de guerre qui ont suivies renforcent l’attachement de la population à vouloir honorer ses morts et l’annonce de l’armistice, en 1918, marque le début d’une nouvelle série de commémorations, dont le premier temps fort prend la forme d’une annonce publique et officielle.

Adoptée en séance par le Conseil municipal, le 11 novembre 1918, celle-ci est prononcée en présence du Préfet de l’Aube et du Général Commandant de la 20e région. Cette déclaration a pour objectif de remercier, non seulement les soldats français qui ont sacrifié leur vie, mais également, les nations alliées et leurs armées qui ont souffert en se battant aux côtés de la France, en leur témoignant l’admiration de la ville entière. Cette adresse, qui s’accompagne d’un hommage rendu à Georges Clémenceau et au Maréchal Foch, ne fait pas l’unanimité au sein du Conseil municipal. Malgré tout, elle est diffusée très largement auprès de la population grâce à des affiches placardées dans toute la commune.

Un second temps fort est prévu par la Ville de Troyes qui souhaite organiser un rassemblement le 1er décembre 1918.

De grande envergure, celui-ci doit commémorer, avant tout, les combattants qui ont donné leur vie en 1870-1871. À cet hommage est alors associée une cérémonie pour fêter la réintégration de l’Alsace-Lorraine dans le territoire français. Pour cette journée très particulière, un important cortège circule dans les rues de la ville. Démarrant au boulevard Victor Hugo, celui-ci s’engage dans la rue du Beffroi (actuelle rue Colonel Driant) puis dans la rue Colbert, pour continuer sur la place de la Bonneterie (actuelle place Jean Jaurès) et descendre la rue Emile Zola jusqu’à la place de la Préfecture (actuelle place de la Libération). Longeant ensuite le quai des Comtes de Champagne et la rue de la Cité, il emprunte la rue Simart pour poursuivre son parcours jusqu’au boulevard Danton et le quai Dampierre avant de remonter la rue Thiers (actuelle rue Général de Gaulle) et de s’immobiliser finalement devant le Monument des Enfants de l’Aube. Survolé par plusieurs aéroplanes, ce cortège est composé en grande partie par l’armée, la compagnie des sapeurs-pompiers, les écoles ainsi que les associations et les autorités locales. Celles-ci rendent hommage aux morts de 1870-1871, en les déclarant publiquement vengés par les morts de 1914-1918 et en déposant une palme d’or au pied du monument.

De nombreux musiciens, civils et militaires, ainsi qu’un concert au kiosque à musique complètent le programme de cette journée.

Renouvelée chaque année depuis 1919, cette commémoration perdure tous les 11 novembre qui, à partir du 24 octobre 1922, célèbrent officiellement la fin de la Grande Guerre, la Victoire et la Paix.

Dès lors, deux jours de recueillement demeurent : le 1er novembre, par tradition, pour honorer les militaires morts, et le 11 novembre pour fêter, de manière générale, la fin de la guerre.

Le 28 février 2012, une loi étend la symbolique de ce recueillement en dédiant le jour du 11 novembre aux Morts pour la France, toutes guerres confondues.

Anne-Lise Drège

Novembre 2022