Une de Libération Champagne, 3 février 2001

« S’adapter et gagner ensemble », tel est le slogan lancé par la Chambre de commerce et d’industrie de Troyes et de l’Aube (CCITA) pour sauver l’industrie textile auboise, alors en crise. Cette chambre, fondée en 1817 sur ordre du roi Louis XVIII, est un acteur économique important qui valorise le territoire en aidant les entreprises, par le financement ou par l’influence de son réseau. Depuis 1990, l’Aube doit faire face aux délocalisations des entreprises de l’industrie textile, qui engendrent chômage et incertitudes. Le 3 février 2001, le quotidien régional Libération Champagne présente l’évènement en Une, imprimée non pas sur du papier mais tissée, et détaille le déroulement de la journée du textile qui se déroule à Troyes le même jour.

Son objectif est de souligner les innovations de la filière textile aux nouveaux investisseurs et de faire intervenir des entrepreneurs capables de valoriser ce savoir-faire. Cette journée est organisée à l’Ecole supérieure de commerce de Troyes, avec le soutien de l’Etat et du conseil régional. Ce ne sont pas moins de 300 chefs d’entreprises et investisseurs qui sont conviés.

La Une est tissée par Sotratext, une entreprise familiale troyenne spécialisée dans ce secteur depuis plus de cent ans. Elle fait partie d’un échantillonnage utilisé pour démontrer les capacités d’une imprimante numérique qui projette de l’encre sur tissu. Dans un article consacré à Sotratext (en bas à droite de la Une), son PDG Christian Bricout évoque une entreprise équipée d’encre et d’imprimante de dernière génération, ambitieuse et pouvant répondre à toute demande dans les 48 heures. Elle est, selon lui, capable de « réveiller les marchés ».

La Une apporte plusieurs informations intéressantes, en particulier des chiffres relatifs à la crise que connaît le textile aubois, qui compte seulement 8 000 salaires au début du XXI^e siècle, trois fois moins qu’en 1974. Les investissements sont également en berne, engendrant fermetures d’ateliers et chômage pour la population.

Toutefois, plusieurs dirigeants proposent des solutions. Le président de la CCITA Denis Crescent estime qu’il faut « agir plus collectivement » en renforçant d’une part les investissements, en développant d’autre part un syndicat du textile plus fort et actif afin de mieux défendre les intérêts des employés. Le préfet de l’Aube Michel Pinault propose la mise en place par l’Etat et la Région Champagne-Ardenne d’un fond structuré destiné à aider les entreprises à monter des projets plus ambitieux et à relancer la production. Enfin selon Pierre Le Gallais, dirigeant de l’Institut français Textile-Habillement, le textile doit aussi faire preuve d’innovation et diversifier sa production, en ciblant autant la mode que l’automobile.

Ce document est représentatif de l’économie textile auboise à l’aube du XXI^e siècle. Il témoigne des difficultés économiques qui la menacent, mais il donne également une lueur d’espoir en montrant que ce fleuron industriel peut évoluer et s’adapter afin de fabriquer des produits de qualité, à l’image de cette Une colorée et au toucher particulier.

Arnaud Nunes, stagiaire aux Archives départementales de l'Aube en 2024

Janvier 2025