Classe de 4e3
Entreprise créée par la famille Mauchauffée en 1873, Mauchauffée s’est au fil des décennies agrandie pour devenir une très grande usine troyenne, employant jusqu’à 3000 salariés en 1914. Une très grande partie des documents de cette entreprise ont été ont été sauvés, représentant 60 mètres linéaires et permettent aux historiens d’étudier l’histoire de cette importante entreprise de bonneterie (textile).
Les usines Mauchauffée, usines de bonneterie, ont été fondées en 1896 par la famille portant ce nom. Elles se trouvent à Troyes (dans l’Aube), rue Bégand. Les personnes composant le conseil d’administration étaient : Maurice Mauchauffée (le président), Georges Mauchauffée, Justin Girardin et Louis Chanvin[1]. Les usines étaient découpées dans les années 1920 en 30 000 actions. Les principaux détenteurs de ces actions étaient les Mauchauffée (avec un petit peu moins de 50 % des parts). H. Duchesne et Sainte Marie possédaient également une grande partie de ces actions[2].
L’entreprise Mauchauffée produisait des bas en coton, principalement teintés en marron (probablement la couleur à la mode durant les années 1900). Etant donné que ces bas étaient réalisés à partir de coton, ceux-ci étaient très légers, Ces bas mesuraient entre 176cm et 220cm de long pour la plupart (cette longueur est également dites «2/2» et «3/2»). Il y avait généralement des teintes marron, mais il peut y avoir 46 couleurs[3].
Des photographies d’époque nous apprennent comment étaient ces usines Mauchauffée. A l’extérieur de l’usine, il y avait des grandes cheminées, des bâtiments qui s’étalent sur une longueur, plusieurs fenêtres… A l’intérieur de l’usine, il y avait de nombreuses machines alignées qui produisaient des bas, avec des longs fils et aussi des barres métalliques…Dans les usines il y avait plusieurs ouvriers qui travaillaient, pour fabriquer des bas[4].
Les répertoires de l’usine Mauchauffée nous apprennent que de nombreux ouvriers y travaillaient. Il est appelé « répertoire usine » et a été certainement écrit par le secrétaire du patron. Celui-ci nous donne des information sur les ouvrier comme leur noms et prénoms, leur dates de naissance, leur lieu de naissance, leur domicile, leur date d’embauche et de départ de l’usine, leur profession (travail) au sein de l’usine. Par exemple, Fernand Aubert est né le 5 mars 1890 à Villemaur. Il est entré dans l’usine le 4 juillet 1906 et a quitté l’usine le 5 mars 1911 et était bobineur[5]. De plus, dans celui de 1903, les ouvriers étaient répartis dans différent secteur de métiers : les bobineurs, les remmailleuses... On peut remarquer également que les ouvriers ne restaient pas longtemps. Par exemple, SEYER Gabrielle est arrivée le 10 janvier 1905 et est repartie le 18 février 1905. La plupart des employés habitaient en ville pour ne pas trop faire de chemin en allant travailler. Ainsi, SAPIN Fernande Murielle habitait rue des Gayettes à Troyes. Les ouvriers pouvaient poser problème aux employeurs car ils ne voulaient pas travailler ou étaient malades. Il était par exemple noté comme « observations » : « médiocre » ; « mauvaise tête » ; « ne travaillent pas régulièrement », « maladies »…[6].
L’entreprise Mauchauffée employait des ouvriers mineurs comme de nombreuses entreprises à cette époque. Chaque enfant possédait un livret de travail que le patron de l’entreprise complétait comme preuve que l’adolescent travaillait. Un enfant travaillait souvent à partir de 14 ans mais pouvait commencer à partir de 12 ans. Ils pouvaient être employés comme dactylo, sténo ou encore boucleuse. Par exemple, Mlle Henriette Jacquel a commencé à travailler à 13 ans en 1934 à l’usine Raguet et Renne en tant que boucleuse avant de travailler à l’usine Mauchauffée en 1937. Il y aussi Lucie Haumonte, qui a commencé à travailler à 15 ans dans l’établissement Roguet et Renne en tant que sténo dactylo avant d’être employée à l’usine Mauchauffée un an après. Enfin, Nadia Alexandre a commencé à travailler à 16 ans à l’usine Médinger en tant que dactylo avant de travailler à l’usine Mauchauffée[7].
Un accident de travail est un événement soudain qui cause un dommage corporel. Ils étaient très courants dans les années 1890/1900. Par exemple, rien que pour le mois de juin dans l’année 1899, 17 personnes ont été blessées (contusions, brûlures, coupures)… Ainsi, Michel Rossin a été « gravement brûlé aux fesses ». Suite à cela, cet ouvrier a raté 29 jours de travail, et a été payé pour 25. Cela nous indique donc qu’ils étaient payés avec 4 jours de carence. En effet, les personnes ayant arrêté de travailler quelques jours/semaines dû à un accident du travail, sont indemnisés mais avec une retenue de 4 jours.
Ainsi, Edward Zefirin a eu un accident du travail. Dans un premier temps, le préfet de l’Aube a envoyé une lettre au Maire en lui posant des questions sur l’ouvrier. Dans un second temps celui-ci répondu : « le 26 juin 1899, dans l’entreprise Mauchauffée, il eut un accident du travail.
Il est marié, et vit à Troyes avec la mère et un jeune enfant.
Malgré son accident, Edward Zefirin fut payé 12 francs. ». On voit qu’à partir de la loi de 1898, les accidents du travail étant indemnisés, les préfets cherchent à savoir quels sont les accidents pour rembourser les ouvriers victimes. Avant cela, ils n’étaient pas indemnisés automatiquement[8].
L’entreprise Mauchauffée avait une action sociale envers les ouvriers. Grâce aux répertoires des anciens travailleurs des usines Mauchauffée, nous savons que ces dernières payaient une retraite à leurs ouvriers. Les retraités étaient payés selon des catégories (A,B,C,D,E). Plus on travaillait longtemps dans l’entreprise, plus on touchait d’argent à la retraite. Ainsi, la catégorie A était pour ceux qui ont travaillé 30-34 ans puis pour monter d’une catégorie, il fallait travailler 5 ans de plus. Ainsi plus la catégorie est haute, plus la somme reçue tous les 3 mois est élevée. Par exemple, selon la 1ere page du répertoire, la catégorie A gagnait annuellement 9 000 francs, la B 10 500 francs… Donc 1 500 francs de plus à chaque catégorie. Prenons comme exemple Emile Mailly, né le 3 janvier 1 882.
Il a commencé à travailler dans l’usine à 35 ans, puis est allé en retraite à 69 ans.
En travaillant 34 ans dans l’entreprise, il est de catégorie A et touche donc 2 625 francs, tous les 3 mois. Chaque personne est classée par ordre alphabétique dans le livre. Nous y retrouvons toutes les informations des ouvriers comme : leurs dates de naissance, leurs noms, catégories, années de retraites et leurs adresses[9].
Les usines Mauchauffée vendaient à de nombreux clients à travers la France. Le type de clients était des magasins de bonneteries. Le registre des clients consulté décrit les clients entre 1891-1910. L’entreprise vendait ses produits à des entreprises qui ensuite les vendaient à leurs clients. Ils les vendaient partout en France. «Il est représentant dans la bonneterie et vend ses échantillons. A quelques marchandises chez lui mais n’est pas considéré comme établi : on le dit sérieux, actif et convenable, de bonne conduite et de bonne moralité. Dans une petite situation modeste, mais qui est bonne, car il n’est pas sans ressources.. Aubrat, 22 rue Rambuteau, à Paris ».
A travers cet exemple on peut voir que ce genre de registre servait à conserver une trace des acheteurs ainsi que de voir s’ils étaient fiables ou pas[10].
[1] 39J1, archives départementales de l’Aube.
[2] 39J12, archives départementales de l’Aube. Voir annexe 1
[3] 39J1033, archives départementales de l’Aube.
[4] 39J853, 854 et 855, archives départementales de l’Aube. Voir annexe 2.
[5] 39J602, archives départementales de l’Aube.
[6] 39J603, archives départementales de l’Aube. Voir annexe 3.
[7] 39J720, archives départementales de l’Aube. Voir annexe 4.
[8] 10M52, archives départementales de l’Aube. Voir annexe 5.
[9] 39J739, archives départementales de l’Aube. Voir annexe 6.
[10] 39J11199, archives départementales de l’Aube. Voir annexe 7.