COMMENT IDENTIFIER LE RÉSEAU DE LA SOCIÉTÉ DES PRINCES DE SAXE ?
UNE TENTATIVE D’ANALYSE STATISTIQUE DE LA CORRESPONDANCE REÇUE DE LA
FRATRIE.
Le prince Xavier de Saxe reçut un peu plus de quatre mille quatre cents lettres
373 de ses frères
et sœurs. Trois cent seize furent sélectionnées sur lesquelles fut effectué un travail d’analyse statistique
par recherche de mots-clefs
374 et par identification des personnages cités. Ce
processus permit de construire une « base de données ». C’est ce document qui fut analysé, les résultats
faisant l’objet du présent chapitre.
La « base de données ».
Cette « base de données » se présente sous la forme d’un document de « format paysage » de deux feuillets en largeur et de
trois cent cinquante lignes en
hauteur. La pagination est établie de gauche à droite et de haut en bas (pagination dite en « Z »).
Le document comprend vingt-quatre pages dont les deux
premières sont données à titre d’exemple dans le commentaire qui suit ; la totalité du document est
jointe en annexe au présent chapitre.
Chaque ligne de la « base de données » correspond à un élément de la correspondance étudiée, généralement une lettre reçue.
La première colonne attribue « un numéro de référence » au document étudié ; ce numéro fut conservé pour toute l’étude.
La deuxième et la troisième colonne indiquent la date d’émission du document.
La quatrième et la cinquième colonne mentionnent l’expéditeur et le destinataire.
Les deux colonnes suivantes comportent les références de la lettre dans le Fonds de Saxe, à savoir la cote de la liasse et le
numéro d’ordre d’apparition du document concerné dans l’Inventaire de J.-J. Vernier.
La colonne huit précise le type de document, généralement une lettre, mais parfois un avis ou un mémoire.
La dernière colonne des pages « impaires » donne un bref descriptif du thème principal apparaissant dans la lettre. Ce descriptif
sera conservé dans la suite
de l’étude pour servir de seconde référence au document et donc, compléter sa désignation.
La seconde partie de chaque ligne se poursuit et apparaît sur les pages « paires » où fut complété le descriptif du document.
Elle comprend quatre éléments :
une première colonne rappelant la colonne « une », à savoir la référence du document dans l’étude,
cinq colonnes dans lesquelles furent listés les
mots-clefs attribués à cette lettre, et cinq autres colonnes où furent mentionnés les noms des personnages
cités. Une dernière colonne indique les remarques
faites sur la lettre ou le document concernés.
À partir de cette « base de données » une analyse statistique fut conduite et les premiers résultats obtenus seront commentés
après les deux pages qui
suivent.
Base de données principale : Page 1. Document disponible dans dossier :
Base de données principale : Page 2, disponible dans dossier :
« 07A. Pages 115 et 116. Base de données, deux premières pages. »
Distribution des mots-clefs identifiés.
Dans le processus d’analyse, cinquante-six mots-clefs différents furent identifiés totalisant huit cent quatre-vingt-treize
occurrences. Le mot-clef le plus
rencontré : « Mondanités » le fut cent vingt-neuf fois ; à l’opposé, neuf mots-clefs dont « Bienfaisance
», « Cheval », … « Testament », ne se présentèrent
qu’une fois. Il est rappelé que ces mots clefs sont des qualificatifs qui furent choisis lors du processus
de lecture et que ce ne furent pas nécessairement
des termes apparaissant dans le corps des lettres. Les deux tableaux qui suivent, indiquent la distribution
en fréquence de ces mots-clefs :
Vingt mots-clefs les plus fréquemet selectionés
Nombre d’apparitions des autres mots-clefs.
Incendie |
10 |
Tourisme |
9 |
Faits divers |
8 |
Education |
7 |
Bal |
6 |
Guerre |
6 |
Nouvelles |
6 |
Diplomatie |
5 |
Évêché |
5 |
Météo |
4 |
Rumeurs |
4 |
Accident |
3 |
Bienfaits |
3 |
Carnaval |
3 |
Chasse |
3 |
Opéra |
3 |
Théâtre |
3 |
Apanages |
2 |
Diète |
2 |
Disgrâce |
2 |
Événement |
2 |
Félicitations |
2 |
Inondation |
2 |
Ragots |
2 |
Révolution |
2 |
Séisme |
2 |
Voltaire |
3 |
Bienfaisance |
1 |
Cheval |
1 |
Dresde |
1 |
Emprunt |
1 |
Héritage |
1 |
Jeux |
1 |
Justice |
1 |
Recomman. |
1 |
Testament |
1 |
Les grands thèmes traités dans la correspondance de la fratrie.
Avant d’étudier en détail la distribution des mots-clefs les plus fréquents et donc de déterminer les sujets ou idées les
plus souvent traités dans la
correspondance, il a semblé judicieux de réunir dans des sous-groupes thématiques, les mots-clefs
identifiant des thèmes voisins.
Il était évident de considérer que la correspondance entre les membres d’une même fratrie, avait pour objet principal d’annoncer
des événements familiaux ;
aussi pouvait-on rassembler dans un même sous-groupe les mots-clefs suivants :
- Famille, mot-clef attribué à 9,0 % des lettres,
- Santé, mot-clef attribué à 3,2 % des lettres,
- Enfants, mot-clef attribué à 3,0 % des lettres,
- Naissance, mot-clef attribué à 2,5 % des lettres,
- Maladie, mot-clef attribué à 1,7 % des lettres,
- Education, mot-clef attribué à 0,8 % des lettres,
- Accident, mot-clef attribué à 0,3 % des lettres.
C’eut été une erreur d’additionner les pourcentages des différents mots-clefs appartenant à un même sous-groupe. En effet,
une même lettre s’était vu
attribuer simultanément plusieurs mots-clefs. Ce processus pouvait couvrir une situation où plusieurs
thèmes différents étaient traités dans une même
lettre, mais il était possible qu’un même événement ait conduit à la sélection de plusieurs mots-clefs
de sens thématiquement voisins. Ainsi pour une «
Naissance », purent être retenus en complément et simultanément, « Enfants » et « Famille ».
Autre objectif pour la correspondance d’une famille aristocratique du Saint Empire, informer les absents sur les événements
de cour. Ainsi le deuxième
sous-groupe thématique retenu incluait les mots-clefs suivants :
- Mondanités, présent dans 14,4 % des lettres,
- Décès, traitant généralement de la mort des souverains et grands princes, 6,3 %,
- Fêtes, avec 2,7 %,
- Loisirs, 3,5 %,
- Mariage, 2,0 %, et par extension :
- Bal (0,7 %), Nouvelles (0,7 %), Rumeurs (0,4 %), Carnaval (0,3 %), Chasse (0,3 %), Opéra (0,2 %), Théâtre (0,2 %), Événements
(0,2 %), Félicitations
(0,2 %), Ragots, 0,2 %), Dresde (0,1 %), Jeux (0,1 %) …
Thème principal de notre étude, très voisin du précédent, la notion de « Réseau », un réseau qui aurait existé dans la fratrie.
Là encore, plusieurs
mots-clefs purent être regroupés dans un même sous-groupe :
- Réseaux, mot-clef sélectionné pour 10,4 % des lettres,
- Établissement, avec 7,7 %,
- Clients375, 1,5 %,
- Disgrâce, 0,2 %,
- Recommandations, 0,1 %.
Une famille, c’est aussi des partages de patrimoine, des intérêts communs, des questions d’argent. Aussi, purent être rassemblés
dans le même sous-groupe,
les thèmes suivants :
- Finance, soit 2,2 %,
- Succession, 1,3 %,
- Apanages, 0,2 %, Emprunt, 0,1 %, Héritage, 0,1 %, et Testament, 0,1 %.
Restent les questions politiques, sous-groupe avec lequel furent associés :
- Politiques, 5,3 %,
- Armées, 4,1 %,
- Guerre, 0,7 %,
- Diplomatie, 0,6 %,
- Diète, 0,2 %,
- Révolution, 0,2 %,
- Justice, 0,1 %.
Dans un dernier sous-groupe, furent rassemblés les mots-clefs qui illustraient les questions diverses :
- Religion, 2,9 % et Evêché, 0,6 %,
- Voyages, 1,2 % et Tourisme, 1,0 %,
- Incendie, 1,1 % et Faits-divers, 0,9 %,
- Météo, 0,4 % et Inondations, 0,2 %,
- Catastrophe, 1,9 %, Tremblement de terre, 0,2 % et Séisme, 0,2 %,
- Bienfaits, 0,3 % et Bienfaisance, 0,1 %,
- Voltaire, 0,3 %,
- Cheval, 0,1 %.
Cette division en sous-groupes, a permis d’obtenir une vue globale des thèmes traités dans une correspondance familiale au
XVIIIe
siècle. Une première remarque s’imposa ; dans notre échantillon de lettres sélectionnées, aucune des
grandes questions politiques de cette période ne fit
l’objet de courrier soutenu : Les partages de la Pologne ne furent pas mentionnés, la présence d’une
Prusse puissante et agressive aux frontières des
seigneuries possédées par les « de Saxe » a été ignorée, le réveil de la Russie, son intérêts pour
sa frontière ouest, n’apparut dans aucune lettre, la «
rébellion » des provinces américaines et le soutien fournit par la France a été absents de ces échanges
épistoliers, enfin, les Etats Généraux de 1789, la
nuit du 4 août, ou les « journées révolutionnaires » ne firent l’objet d’aucun commentaire, si ce
n’est dans deux lettres de Cunégonde de Saxe, datées des
12 août et 5 septembre 1789 et référencées dans notre « base de données » sous les numéros « 315 »
et « 316 ».
Il a pu apparaître en première analyse que cette correspondance ait été essentiellement superficielle ; des frères et des
sœurs s’écrivaient, ils se
donnaient des nouvelles familiales et sauf exceptions, les tourmentes de cette fin du XVIII
e siècle n’eurent pas de place dans ces
échanges
376. Pourtant, l’étude des
mots-clefs dans leur détail, fit apparaître un éclairage différent et important pour l’historien.
Ce sera l’objet du paragraphe à venir.
Commentaires sur les mots-clefs les plus rencontrés.
« Mondanités ».
Étudiant chaque mot-clef, il fut remarqué que le thème le plus souvent identifié était sans surprise, celui des « Mondanités
» ; à savoir, des
informations ou des nouvelles concernant les différentes cours où résidaient les correspondants
; ce thème était présent dans 14,4 % des lettres
étudiées. À titre d’exemple et pour illustrer ce que nous entendions par « Mondanités », nous
renvoyons le lecteur à la lettre « 6 » dans laquelle,
Charles de Saxe, duc de Courlange, décrivit les fêtes données à Dresde à l’occasion du Carnaval
377.
Autres exemples pris dans la correspondance de Marie-Anne de Saxe, l’électrice de Bavière. Sur les soixante-six lettres analysées,
ce thème fut identifié
vingt-cinq fois. Il a semblé que la princesse se faisait un devoir de rapporter tous les événements
de la cour de Bavière : La représentation d’un
opéra-bouffe de Piccinni (lettre référencée « 44 »), la mort du grand maître de l’ordre des chevaliers
Teutoniques (lettre « 46 »), le récit d’une
chasse au cerf (lettre « 47 »), le détail sur la composition d’une nouvelle troupe d’opéra-bouffe
(lettre « 48 »), l’incendie de la maison des Théatins
( ?) à Munich (lettre « 50 »), la visite dans cette ville du duc et prince Charles de Deux-Ponts
(lettre « 51 »). Les exemples auraient pu être
multipliés ; ainsi dans la correspondance de la princesse Christine, l’abbesse de Remiremont,
ce mot-clef fut identifié dix-neuf fois dans les
quarante-quatre lettres étudiées qu’elle adressa à son frère. Là encore, les sujets furent très
divers bien que généralement plus politiques : Par
exemple, la nomination de l’abbé Terray comme contrôleur général et les décès de l’évêque de Verdun
et du comte de Béthune (lettre « 112 »), le
compte-rendu de la saison du carnaval à Paris (lettre « 117 »), la mort du prince Holstein « lettre
« 120 »), le transfert du régiment de ce prince
Holstein au prince de Nassau (lettre « 121 »), l’exil du comte de Broglie, l’homme du « Secret
du roi » en janvier 1773 et son remplacement par le
marquis de Brancas
378
(lettre « 123 »).
Se tenir informer des événements majeurs mais aussi des petits incidents de toutes les grandes cours, était un facteur essentiel
pour conserver à un
éventuel réseau, toute son activité et toute son efficacité. Pourtant si on peut penser que la
notion même de « réseau » n’était pas consciente dans
l’esprit des membres de la fratrie, ce réseau existait de facto. C’est ce que nous allons étudier dans le paragraphe qui
suit.
« Réseau ».
Le second thème le plus fréquent, 10,4 % des lettres, fut très spécifiquement identifié comme étant celui de « Réseau » ;
il apparut soit sous la forme
de demandes d’intervention, soit sous celle de transmissions d’informations quant à des postes
devenus disponibles et pouvant offrir des établissements
à l’un des membres de la fratrie. Le meilleur exemple sur ce thème put être perçu dans les lettres
« 23 » à « 27 »
379Voir Fonds de Saxe, liasse
E*1493 par lesquelles Clément de Saxe exprimait son ambition d’obtenir l’évêché de Liège et demandait à son frère Xavier de lui
rechercher des
appuis à la cour de Versailles pour faciliter son élection. Dans la dernière lettre (référence
« 27 ») il indiqua que cette démarche avait été un échec
faute d’une intervention décisive de Versailles
380Voir Fonds de Saxe, liasse
E*1493. Cinq ans plus tard, ce même prince Clément demanda dans la lettre référencée « 32 »
381Voir Fonds de Saxe, liasse
E*1493 l’intervention de son frère Xavier pour obtenir de Louis XVI l’une des deux « abbayes en commande, l’une de 200.000, l’autre
de 100.000
livres de revenus », et de préférence, celle de Saint-Germain-des-prés ; des abbayes sur le point
d’être rendues libres par la mort prochaine du
cardinal de la Roche-Aimon que le prince disait « être à l’extrémité ». Il faut se souvenir que
le prince Clément était déjà archevêque-électeur de
Trèves depuis le 10 février 1768, et qu’il devait disposer de revenus confortables. Avait-il besoin
du siège épiscopal de Liège qu’il n’obtint pas en
1772 ou de demeurer coadjuteur d’Augsbourg jusqu’en 1778 avant de devenir l’évêque en titre après
cette date ? Si nous fûmes surpris par son ambition de
vouloir cumuler plusieurs sièges épiscopaux et par sa rapidité pour enterrer les abbés des établissements
qu’il convoitait, nous ne pûmes lui reprocher
ni l’hypocrisie, ni l’ambiguïté de ses propos, même si ses demandes furent très diplomatiquement
présentées : « Ne sauriez-vous pas disposer le Roi à
m’en donner une [de ces abbayes] de son propre mouvement, comme une marque de bonté pour son oncle
? Mais il faudrait que je n’y paraisse nullement, ne
voulant pas avoir l’air de demander quelque chose, et m’engager à plus d’obligation vis-à-vis
de la cour de France ».
« Etablissement ».
Le mot-clef « établissement » est apparu spécifiquement comme le quatrième thème par importance ; il fut identifié dans 7,7
% des lettres. Tous les
membres de la fratrie étaient intéressés, les princes mais aussi les princesses ; se référer à
ce sujet aux trois premières lettres de la « base de
données » dont l’objet unique était l’obtention de la fonction de « dame de clefs » auprès de
l’électrice de Saxe pour la comtesse Spinucci, épouse
secrète du prince Xavier. Autre exemple sur ce thème, les lettres « 127 » et « 141 »
382Voir Fonds de Saxe, liasse
E*1514 : Dans la première, la princesse Christine de Saxe annonçait sa décision « de prendre pour coadjutrice à Remiremont la princesse
Marie-Anne de Deux-Ponts, afin qu’elle se désiste de ses prétentions sur Essen et Thorn et ne
soit pas un obstacle à la nomination de sa sœur
Cunégonde
383Voir Fonds de Saxe, liasse
E*1514. Dans la seconde, un an plus tard jour pour jour, nous apprenions « l’élection de la princesse Cunégonde de Saxe à la coadjutorerie
d’Essen ; celle de Thorn suivra aussi
384 ». Le réseau et la solidarité
fraternels avaient été couronnés de succès. Dernier exemple qui nous est apparu comme étant caractéristique
de cette notion de réseau, la lettre « 220 »
datée du 24 décembre 1782, dans laquelle la princesse Elisabeth de Saxe, recommanda à son frère
Xavier, « les gens qui étaient attachés à la personne de
la princesse Christine leur sœur
385Voir Fonds de Saxe, liasse
E*1522 » abbesse de Remiremont, décédée un mois auparavant. À une époque où la charité remplaçait notre actuelle solidarité organisée,
le
réseau des princes, s’étendait à leur entourage. « L’ascenseur » et la protection fonctionnaient
pour les princes qui n’oubliaient pas d’en faire
bénéficier « les gens qui [leur] étaient attachés ».
« Famille ».
Il n’est pas surprenant que dans cette correspondance entre frères et sœurs, le troisième thème en ordre de fréquence fût
la « Famille » avec 9 % des
lettres. Ainsi dans la lettre référencée « 11 » Charles de Saxe annonça la grossesse de son épouse,
la comtesse de Courlange. De même, dans la lettre «
14 », le même Charles félicita son frère Xavier pour la naissance d’une petite fille. Nous avons
noté que deux autres mots-clefs pouvaient êtres
associés à ce thème de « Famille », à savoir « Santé » et « Enfants » qui apparurent respectivement,
dans 3,2 et 3,0 % des lettres. Il y avait là une
volonté d’informer mais aussi d’intéresser le destinataire ; une volonté qui apparaissait déjà
dans les mots-clefs « Mondanités » et que l’on retrouvera
plus loin avec les mots-clefs « Loisirs » et « Fêtes ».
« Décès ».
Les nouvelles familiales ne se limitaient pas à la fratrie, mais incluaient l’ensemble des membres des branches et maisons
alliées aux « de Saxe ». En
particulier, les annonces de « décès » occupèrent 6,3 % des lettres et apparurent comme le cinquième
thème en fréquence. Très souvent ces décès
pouvaient créer des changements de situations pour les membres de la fratrie, soit par l’ouverture
d’opportunités pour de nouvelles fonctions ou de
nouveaux établissements, soit
a contrario, par la perte d’influence qu’entraînait la disparition d’un protecteur puissant. Le
meilleur exemple nous fut donné par les lettres « 62 » et « 63
386Voir Fonds de Saxe, liasse
E*1500 » dans lesquelles Marie-Anne de Saxe, épouse de l’électeur de Bavière, apprenant la mort du roi Louis XV, écrivit immédiatement
à son
frère Xavier « Nous avons appris la triste nouvelle de la mort du Roi. Ma première pensée était
pour vous. Je veux cependant me flatter que ce triste
événement ne portera point changement à vos affaires ». Et d’insister dans une seconde lettre,
douze jours plus tard : « […] je prends certainement
toute la part imaginable aux tristes circonstances où vous vous trouvez actuellement, espérant
cependant que cela ne changera rien à vos affaires ». On
ne pouvait être plus direct, le roi est mort, que Dieu fasse que son successeur vous garde une
estime comparable et votre place à la cour !
« Politique ».
Thème similaire et associé : le mot-clef « Politique », qui apparut au sixième rang : soit dans 5,3 % des lettres. Ce thème
doit être entendu dans les
limites qui étaient celles de l’époque, la seconde moitié du XVIII
e siècle. Il ne pouvait être question de critiquer les
pouvoirs en place, tout au plus était-il possible d’émettre un jugement sur un ministre. Ainsi,
dans les cinquante premières lettres étudiées, le
mot-clef « politique » apparaît quatre fois (lettres « 7 », « 12 », « 15 » et « 16 »)
387Voir Fonds de Saxe, liasses E*1488 et
1489. Dans tous les cas, il s’agissait de lettres annonçant ou décrivant le décès d’un souverain ; aucun commentaire réellement
politique n’y
était fait.
« Armées ».
Mot-clef suivant en fréquences : « Armées » avec 4,1 %. Le thème était loin d’être ‘‘tabou’’. La première partie de la correspondance
du prince Xavier
traitait des opérations militaires de la guerre de Sept-ans. Celles-ci furent plus que commentées.
S’il n’y avait pas de critique directe du
commandement en chef du camp français, des analyses fréquemment négatives furent faites sur les
opérations menées par l’allié autrichien. Pendant la
période étudiée (1770-1791), la fratrie ne fut ni directement, ni activement impliquée dans aucun
conflit, ce qui explique la relative faible fréquence
de ce thème dans la correspondance
388. Dans la
plupart des cas, le thème de l’armée fut lié à des demandes d’intervention pour l’obtention d’un
commandement pour un membre de la famille ou pour une
personne présumée appartenir au cercle des « clients ». C’est le cas pour les lettres « 70 » et
« 83 »
389Voir Fonds de Saxe, liasses E*1501 et
1502 relatives au comte Spinucci, beau frère du prince Xavier.
Nous avons noté sur ce thème les trois lettres « 85 », « 86 » et « 87 » de Marie Anne de Saxe
390Voir Fonds de Saxe, liasse
E*1503, devenue électrice douairière de Bavière à la mort de son époux en janvier 1778. Elle y commentait l’arrivée des troupes
palatines et
les réductions dans les rangs des troupes bavaroises à la suite de la succession de Bavière. Les
termes employés furent peu agréables, voire extrêmement
critiques ; le point de vue de la population y fut donné. Sous réserve que les commentaires de
l’électrice fussent représentatifs de la réalité, nous
avions ici un témoignage direct sur cet événement ; un événement important qui fut mentionné dans
huit lettres que la princesse de Saxe adressa à son
frère Xavier.
« Loisirs ».
Beaucoup plus léger et huitième thème dans l’ordre des fréquences d’apparition, soit dans 3,5 % des lettres étudiées, celui
des « Loisirs ». Les quatre
premiers exemples apparaissant dans notre « base de données » permettaient de préciser le sens
que nous avions souhaité lui donner. Il s’agissait des
lettres « 6 »
391Voir Fonds de Saxe, liasse
E*1488 traitant des fêtes organisées à Dresde en janvier 1772, « 44 » dans laquelle l’électrice de Bavière commenta la représentation
d’un
opéra bouffe de Piccinni, « 47 » où elle donna des détails sur une chasse au cerf, ou « 48 »
392Voir Fonds de Saxe, liasse
E*1498 dans laquelle il fut encore question d’opéra bouffe et d’une troupe venue en représentation à Munich, troupe composée d’artistes
célèbres. Ce thème se recoupait avec celui des « Fêtes » qui apparut dans 2,7 % des lettres. Ils
s’associaient très souvent, avec celui des « Mondanités
» traité plus haut. Nous avions ici des exemples du caractère léger et superficiel que prenait
souvent la correspondance, même si les intérêts de la
fratrie n’y étaient pas négligés. Il s’agissait d’intéresser, voire d’amuser, le destinataire.
« Santé » et « Enfants ».
C’est cette même volonté d’intéresser mais aussi d’informer qui fut retrouvée une nouvelle fois dans les deux mots-clefs qui
suivirent dans l’ordre de
fréquence, à savoir « la Santé » et « les Enfants » ; ils apparurent respectivement, dans 3,2
et 3,0 % des lettres. Les exemples qui suivent, furent
volontairement choisis dans le courrier de la princesse Elisabeth
393Voir Fonds de Saxe, liasse E*1516,
liasse E*1517, liasse E*1518, liasse E*1519, liasse E*1520 : Lettre « 158 » relative à une opération au sein subit par une dame Rolling de la
cour de Saxe ; Lettre « 161 » rendant publique la grossesse de l’électrice de Saxe ; Lettre «
162 » annonçant la naissance d’un fils du comte de Brühl,
ministre de Saxe, dont l’électeur sera le parrain ; Lettre « 165 » « au sujet de la « nullité
» de la grossesse de l’électrice
394Voir Fonds de Saxe, liasse
E*1517 » ; Lettre « 182 » commentant l’accouchement de la comtesse d’Artois ; Lettre « 187 » se désolant d’une fausse-couche de
la comtesse de
Lusace, épouse du prince Xavier ; Lettre « 188 » approuvant les projets du prince Xavier concernant
l’éducation de ses enfants ; Lettre « 200 »
félicitant le prince Xavier de la décision prise par son fils Louis « d’embrasser l’état ecclésiastique
395Voir Fonds de Saxe, liasse
E*1520 ». Il aurait été possible de multiplier les exemples, d’abord en restant dans la correspondance de la princesse Elisabeth,
mais plus
encore en analysant l’ensemble des trois cent seize lettres sélectionnées. Seuls quelques exemples
furent ajoutés pour compléter le propos : À la suite
du décès du roi Louis XV, la princesse Christine de Saxe nous apprit dans une lettre référencée
« 137 »
396Voir Fonds de Saxe, liasse
E*1514 que la comtesse d’Artois et le comte de Provence s’étaient faits « inoculer ». Autre détail sur la santé des grands d’Europe,
cette
même princesse Christine dans une lettre du 9 février 1766, relata l’accident qui coûta la vie
au roi Stanislas, cette disparition était pour elle « un
bien vrai ami de moins qu’[elle avait] dans le monde
397Voir Fonds de Saxe, liasse
E*1512 »
« Religion ».
Mot-clef suivant dans l’ordre des fréquences : « Religion » avec vingt-six apparitions, soit dans 2,9 % des lettres. Dans
trois cas, ce mot fut
directement associé au nom du philosophe Voltaire dont l’impiété était vilipendée : Lettre « 35
» de Clément de Saxe
398Voir Fonds de Saxe, liasse
E*1493 : « On me dit qu’une secte soi disant philosophique a infecté même la plus grande partie des maisons religieuses de Paris.
[…] Je vous
avoue que je n’ai pu lire qu’avec la plus vive douleur […] les honneurs rendus à l’impie Voltaire
» ; lettre « 36 » du même Clément
399Voir Fonds de Saxe, liasse
E*1493 : « […] autant suis-je affligé de ce que vous me dites de l’état de notre sainte religion dans cette capitale [Paris …].
L’accueil
qu’on fait à ce malheureux Voltaire est bien humiliant pour tous les gens de bien » ; et enfin
la lettre « 295 » de la princesse Cunégonde de Saxe
400Voir Fonds de Saxe, liasse
E*1528 : « Vous avez raison de m’entretenir, par prédilection sur mon goût des belles-lettres, de ce malheureux Voltaire. Il ne
manquerait
plus que la présence de ce prédicateur de l’irréligion pour y affermir encore des esprits que
trop pervers à s’y déclarer ouvertement ennemis de la
religion, en prônant aussi publiquement les œuvres et la personne de ce misérable : cela fait
frémir vraiment. Dieu veuille ne point punir dans son
juste courroux ces esprits pervers, avoir pitié d’eux, éclairer et toucher leur cœur ». Voltaire
était lié au roi Frédéric II ; cela ne pouvait que lui
attirer l’hostilité de la maison de Saxe qui, de plus, avait choisi son camp, celui du parti des
dévots, celui de la reine, du Dauphin et de la
Dauphine, celui des filles du roi Louis XV, et quelques années plus tard, celui du duc de Bourgogne,
le futur Louis XVI. Nous ne sommes pas convaincu
que le prince Xavier avait fait ce choix.
Ce combat de la fratrie contre « l’impiété » ne lui faisait pas oublier ses intérêts. En effet, dans quinze cas où le mot-clef
« Religion » fut
sélectionné, il fut associé aux mots clefs « Etablissement » et/ou « Réseaux » et/ou « Clients.
Ce fut le prince Clément qui annonça dans sa lettre
référencée « 39 », « qu’il a sacré évêque le grand prévôt d’Augsbourg et qu’il l’a nommé suffragant
de cet évêché
401Voir Fonds de Saxe, liasse
E*1483. Ce fut la lettre référencée « 105 » où la princesse Marie-Anne de Saxe, devenue électrice douairière de Bavière remarquant
« que comme
en ce pays-ci presque toutes les filles de condition sont très mal partagées de la fortune , que
cela fait aussi un grand obstacle de trouver des
établissements à moins de les fourrer dans des cloître [… elle s’était] résolue à faire une fondation
d’un chapitre de dames séculières où au moins
[elle pourra] en établir quelques-unes, et que les autres puissent à mesure espérer de trouver
place
402Voir Fonds de Saxe, liasse
E*1505 ». C’est aussi les lettres de Cunégonde de Saxe, référencée « 287 » et « 290 » où elle annonce qu’elle a été « élue coadjutrice
à
l’abbaye d’Essen
403Voir Fonds de Saxe, liasse
E*1528 » puis « du chapitre de Thorn
404Voir Fonds de Saxe, liasse
E*1505 », deux établissements dépendant de leur frère Clément, l’archevêque-électeur de Trèves. Ce fut enfin, la lettre d’Elisabeth
de Saxe
référencée « 172 » relative à « un projet de coadjutorerie pour elle-même qu’elle accepterait
si comme la princesse Christine, elle pouvait obtenir une
pension de 40.000 écus, ce qui pourrait se faire sur les économats
405Voir Fonds de Saxe, liasse
E*1518 ».
« Finance ».
Ceci nous conduisit à aborder le mot-clef « Finance ». 2,2 % des lettres abordaient ces problèmes d’argent. Ce furent dans
un premier temps les questions
des arrérages et des revenus des apanages possédés par la famille de Saxe en Pologne. En 1788,
le paiement de ces derniers semblait remis en question.
Était-ce lié au partage de la Pologne et au changement de suzeraineté de certaines provinces ?
La question fit l’objet d’une correspondance en encre
sympathique.
Autre question financière présentée dans la correspondance, la recherche de trésorerie. Ce fut le cas de la lettre « 29 »
406Voir Fonds de Saxe, liasse
E*1493 du prince Clément qui souhaita contracter un emprunt de cent mille florins
407. Autre exemple représentatif des
situations financières existant dans ces familles princières du XVIII
e siècle, la lettre « 49 »
408Voir Fonds de Saxe, liasse
E*1498 de l’électrice de Bavière Marie-Anne de Saxe, dans laquelle elle commenta la succession de son beau-frère le duc Clément
en ces termes
: « Il a fait un testament où l’électeur [de Bavière] est nommé héritier universel, et beaucoup
de legs, mais comme ceux-ci et les dettes surpassent
presque les revenus, je doute qu’il voudra s’en charger ».
Une situation similaire que nous retrouvâmes dans les lettres « 222 » et « 227 »
409Voir Fonds de Saxe, liasse
E*1522 de la princesse Elisabeth de Saxe qui y réclamait sur le règlement de la succession de sa sœur Christine, l’abbesse de Remiremont
décédée fin novembre 1782, la somme de dix-sept mille écus
410 « qui lui
restaient dus sur des perles » avant d’annoncer un an plus tard, que la succession de la princesse
Christine était déficitaire de cent vingt mille
écus
411. L’analyse du courrier de cette princesse
apporta quelques explications quant à cette situation : En juillet 1769, elle demanda au prince
Xavier « de faire pour elle par lui ou quelqu’un de sa
connaissance », un emprunt de quarante mille livres qui serviraient à l’entretien de sa maison
et à payer « plusieurs dettes éparpillées
412Voir Fonds de Saxe, liasse
E*1513 ». Deux semaines plus tard, elle annonça que pour payer ses dettes, elle s’était déterminée à vendre son grand collier de
diamants et
ses bracelets qu’elle envoyait au prince Xavier, le priant de les faire estimer
413Voir Fonds de Saxe, liasse
E*1513. Mais cette vente ne devait pas suffire dans son esprit à combler ses besoins d’argent car elle rappela deux autres semaines
plus tard,
sa demande d’emprunt de quarante mille livres
414Voir Fonds de Saxe, liasse
E*1513. Le prix proposé pour les diamants, quarante à quarante cinq mille livres, ne lui convenant pas, elle demanda finalement
le retour des
bijoux
415Voir Fonds de Saxe, liasse
E*1513 et il ne fut plus question d’argent avant le 29 juin 1770, date à laquelle elle se plaignit « de la suppression des économats
de son
abbaye
416Voir Fonds de Saxe, liasse
E*1513 ». Que s’était-il passé au sujet de ces « économats » ? Six mois plus tard, dans une nouvelle lettre au prince Xavier, elle
lui fit
part « de son espoir que le voyage qu’elle [venait] de faire à Paris [n’aura pas été] infructueux
pour elle du coté des économats, le Roi ayant ordonné
à l’évêque d’Orléans de trouver des moyens, de quelques manières que ce soit, de lui rendre ce
qu’on lui [avait] ôté
417Voir Fonds de Saxe, liasse
E*1513 ». Trois mois plus tard, l’évêque d’Orléans était exilé
418Voir Fonds de Saxe, liasse
E*1513 et il ne fut plus question des économats dans le courrier de la princesse.
Si tout laisse à penser que ces difficultés avaient trouvé solutions auprès du roi, la princesse Christine dut quelque temps
avant sa mort, faire face à
de nouveaux problèmes financiers importants que seul le roi pouvait résoudre. En effet, dans une
lettre référencée « 145 »
419Voir Fonds de Saxe, liasse
E*1515, elle écrivit à son frère le prince Xavier :
« La nuit d’une année sur l’autre, entre onze [heures] et minuit, le seul coup de
tonnerre qu’il y eut à Remiremont a mis le feu à ma belle église que vous connaissez et l’a
brûlée. On a sauvé le Saint-Sacrement, les reliques,
vases sacrés, ornements, la belle grille du chœur et quelques boiseries. C’est un miracle
qu’aucune maison des dames n’ait souffert et que toute la
ville n’ait été réduite en cendres. [Le] palais abbatial couru les plus grands risques, surtout
les archives qui auraient été une perte irréparable
qui aurait anéanti toute mon existence et mes droits. […] Le dommage [est] si grand que nous
ne pouvons le réparer si le Roi n’a la bonté d’y
contribuer par ses bienfaits ». Suivirent plusieurs lettres sur cette catastrophe référencées « 146 », « 147 », « 148 », « 150 » et « 151
420Voir Fonds de Saxe, liasse
E*1515 », on y apprenait que le montant du dommage causé par l’incendie dépassait trois cent mille livres, que le roi avait donné
ses ordres
pour aviser aux moyens de réparer ce dommage, que Monsieur de Maurepas également s’y « intéressait
réellement ». Pourtant, reprit la princesse dans une
lettre datée du 31 mars 1779 :
« Imaginez-vous qu’au moment, - du moins je l’espère - au moment d’obtenir les bienfaits du Roi pour mon église, nous
essuyons un nouveau malheur à Remiremont par un nouvelle incendie qui, le 13, a consumé toute
ma maison de prébende. […] Dans la ville, il y a sept
maisons réduites en cendres et plus de trente familles réduites à la mendicité ». Suivent deux lettres dans lesquelles la princesse regrette
« de
n’avoir pas encore réussi à obtenir les bienfaits du Roi pour le rétablissement de l’église
de Remiremont ». Aucun autre courrier ne nous donnera
le dénouement de cette situation financière qui pouvait expliquer le déficit trouvé à la mort
de la princesse le 19 novembre 1782 au château de Brumath,
un château qu’elle louait depuis 1771 au landgrave de Darmstadt.
De ces exemples, nous avons retenu que le prince Xavier n’était pas le seul de la fratrie à avoir connu des difficultés financières
; nombreux étaient
les princes de l’entourage des grandes maisons souveraines qui vivaient en permanence des situations
proches de la banqueroute et pour qui le recours au
roi, c'est-à-dire, à l’État, était déjà un reflex habituel. Cependant, sur ces questions d’argent
comme dans la recherche d’établissements convenables,
le réseau de la fratrie était le premier cercle à être mis à contribution. Les solutions aux problèmes
financiers se cherchaient dans sa famille, à
défaut on sollicitait le roi avec qui on était lié par les nombreux liens que des mariages avec
ses proches parents, avaient tissés.
« Mariages ».
Le mot-clef « mariage » fut attribué à dix-huit lettres, soit 2,0 % du courrier étudié. Dans aucune de ces dix-huit occurrences,
il ne fut question ni
d’organiser un mariage pour l’un des membres ou pour l’un des enfants de la fratrie, ni d’approcher
un tiers pour un tel projet.
Huit de ces lettres
421
concernaient des félicitations ou des vœux pour le mariage d’enfants de la fratrie et plus spécifiquement,
du prince Xavier ; six furent écrites par la
princesse Elisabeth, elles étaient relatives au mariage de sa filleule prénommée elle-même Elisabeth
qui devint duchesse d’Esclignac. Une lettre
similaire dans son thème, référencée « 34 », fit l’objet d’une étude spécifique incluse ci-dessous.
Neuf autres lettres
422 concernaient le mariage de tiers,
personnages de la cour de Dresde, de Vienne, ou de Versailles. Cinq de ses annonces furent faites
par la princesse Elisabeth. À la lecture de ses
lettres, nous avons deviné des remarques piquantes dont nous n’avons pu goûter tout le sel faute
de connaître les personnages concernés. Elles étaient
similaires dans leur objet, sans en avoir le même piquant et ni le même humour, à la lettre de
Madame de Sévigné annonçant « la chose la plus
extraordinaire … », le mariage de la Grande Mademoiselle avec Lauzun.
L’une de ces lettres référencée « 34 »
423Voir Fonds de Saxe, liasse
E*1493 était plus particulière. Elle concerna les félicitations que Clément de Saxe adressa à son frère Xavier, à l’occasion de
la
reconnaissance par Rome de son mariage morganatique contracté quelque douze ans plus tôt avec
« la Cara Chiaretta », la comtesse Claire de Spinucci. Il
fut intéressant de constater que ce même Clément de Saxe, dans une lettre
424Voir Fonds de Saxe, liasse
E*1492 envoyée un an jour pour jour après ce mariage « secret », faisait de vifs reproches à son frère quant à une liaison qu’il
entretenait
avec une dame d’honneur de l’électrice douairière. Les termes de cette lettre sont pleins d’enseignement
pour l’historien, ils donnent une image d’une
certaine société princière européenne, celle qui était liée au parti des dévots :
« Pardonnez, Cher Frère, si avant mon départ, je vous parle d’une chose désagréable. Mais vous savez l’amitié que je vous
ai vouée ; et une véritable
ne souffre point de cacher à un ami ce qui peut lui faire du tort. Je crois que vous devinez que
je veux parler de votre liaison avec Mademoiselle
Spinucci. Vous savez que je vous ai ouvert mon cœur à ce sujet avant mon départ pour Dresde. Depuis
ce temps-là, toutes les lettres confirment qu’elle
se trouve dans un état peu convenable à une dame de cour, que, malgré cela, vous la distinguez
particulièrement. Les dernières lettres disent même que
le dénouement est proche et qu’il doit se terminer au château
425. Dieu fasse que ces nouvelles ne soient que des soupçons ! Mais si elles étaient fondées,
permettez de vous présenter le tort que cela ferait non seulement dans le pays
426, mais aussi chez les étrangers. Jugez de celui que cela ferait à l’Electrice, notre chère belle-sœur, qu’on ne manquerait
pas
de soupçonner d’y avoir prêté la main
427. Pensez au chagrin que vous causerez à vos chers frères et sœurs, au tort que vous ferez à cette
pauvre fille laquelle se trouverait déshonorée et méprisée. Vous direz de quoi je me mêle, n’étant
point de mes affaires. Je l’avoue. Mais mon amitié
m’aurait toujours reproché si je ne vous avais parlé d’une chose dont il n’y a que de vrais amis
qui osent vous en parler. Et je connais assez votre
amitié envers moi que, bien loin de m’en sa voir mauvais gré, vous m’en aimerez davantage ».
Cette lettre était-elle justifiée lorsque l’on connaît les mœurs qui existaient à la cour de Dresde d’Auguste II le fort ?
Contenait-elle autant
d’hypocrisie que notre culture contemporaine semble y déceler ? Ce n’est pas certain. Lorsque
par ailleurs, furent lues les lettres de reproches que ce
même prince Clément, adressa à son frère Xavier, parce que celui-ci conservait quelques luthériens
dans son entourage d’administrateur de l’électorat de
Saxe, on mesura la fermeté des positions que pouvaient prendre les membres et sympathisants du
parti des dévots. Des positions qui doivent être
observées en tenant compte de l’environnement culturel et religieux de l’époque.
Cette lettre renforça l’hypothèse qui se dessinait
428, à savoir que ce mariage ruina la carrière potentielle du prince Xavier. Sa fratrie
en fut consciente, la Dauphine lui reprocha très violemment sa décision. Le prince Xavier aurait
« du » épouser la fille d’un souverain, par exemple, la
princesse Adélaïde dont nous pensons qu’il fut l’amant, ou une archi-duchesse, et occuper une
fonction politique importante ; peut-être celle de Premier
ministre d’un grand royaume. En avait-il le potentiel ? Ce n’est pas certain. Quoi qu’il en ait
été, sa mésalliance ne facilita pas sa carrière.
Cette première conclusion, particulièrement sommaire, conduisit à faire le bilan de notre analyse : avec quinze mots-clefs
étudiés, nous avons couvert
sept cent huit occurrences soit près de 80 % de celles-ci
429. Il n’était donc pas nécessaire de continuer cette analyse.
Une question restait cependant ouverte, elle fit l’objet du paragraphe suivant : existait-il une
similarité entre les différentes correspondances ? Ce
qui compte tenu de la méthodologie suivit, conduisait à répondre à la question : la fréquence
d’identification des mots-clefs était-elle la même chez
tous les membres de la fratrie ?
Etude comparative entre les différentes correspondances de la fratrie.
La fréquence d’apparition des mots-clefs fut étudiée sur une base comparative entre les différents correspondants à partir
du tableau et du graphique joints.
Ces documents furent établis en déterminant, pour chacun des correspondants principaux, c’est-à-dire,
chacun des membres de la fratrie directe (frères ou
sœurs) vivant pendant la période de temps considérée, les vingt mots-clefs qui apparaissaient le plus
souvent dans leur correspondance. Pour chacun de ces
mots-clefs et pour chacun de ces correspondants, le pourcentage d’apparition fut calculé en les rapportant
au nombre total d’occurrences. Toutes ces figures
statistiques furent combinées et comparées aux figures et pourcentages obtenus pour l’ensemble des
lettres étudiées statistiquement. Ainsi, le mot-clef «
Mondanités » eut pour l’ensemble de la fratrie, une fréquence de 14,4 % ; ce même mot-clef fut identifié
dans 27 % des cas chez Charles de Saxe, 13 % chez
son frère Clément et respectivement 18, 17, 12 et 7 % chez les princesses Christine, Marie-Anne, Elisabeth
et Cunégonde. À partir de cet exemple, une
première conclusion put être proposée : Charles de Saxe, premier des frères à avoir obtenu un établissement,
attaché géographiquement à la Pologne et aux
marches est de l’Empire et donc relativement isolé de ses frères et sœurs, traita des événements de
cour plus qu’aucun autre membre de la fratrie
430. Cunégonde et Cléments, membres du clergé y consacrèrent beaucoup
moins de place dans leur correspondance.
Mots-clefs |
Occurrence Fratrie |
Moyenne Fratrie |
Charles de Saxe |
Clément de Saxe |
Marie-Anne de Saxe |
Elisabeth de Saxe |
Cunégonde de Saxe |
Christine de Saxe |
Mondanités |
129 |
14,4 % |
27 % |
13 % |
17 % |
12 % |
7 % |
18 % |
Réseaux |
93 |
10,4 % |
|
4 % |
12 % |
12 % |
12 % |
6 % |
Famille |
80 |
9,0 % |
9 % |
15 % |
13 % |
8 % |
6 % |
3 % |
Etablissement |
69 |
7,7 % |
|
13 % |
7 % |
7 % |
8 % |
12 % |
Décès |
56 |
6,3 % |
9 % |
4 % |
5 % |
8 % |
7 % |
10 % |
Politique |
47 |
5,3 % |
9 % |
|
1 % |
8 % |
6 % |
3 % |
Armées |
37 |
4,1 % |
|
1 % |
7 % |
6 % |
3 % |
3 % |
Loisirs |
31 |
3,5 % |
3 % |
|
2 % |
3 % |
4 % |
1 % |
Santé |
29 |
3,2 % |
3 % |
|
2 % |
3 % |
|
9 % |
Enfants |
27 |
3,0 % |
6 % |
3 % |
2 % |
5 % |
4 % |
|
Religion |
26 |
2,9 % |
|
6 % |
3 % |
1 % |
6 % |
2 % |
Fêtes |
24 |
2,7 % |
3 % |
1 % |
4 % |
3 % |
5 % |
1 % |
Naissance |
22 |
2,5 % |
6 % |
4 % |
|
4 % |
5 % |
1 % |
Finance |
20 |
2,2 % |
6 % |
3 % |
2 % |
2 % |
|
8 % |
Mariage |
18 |
2,0 % |
3 % |
1 % |
|
4 % |
|
2 % |
Catastrophe |
17 |
1,9 % |
3 % |
|
2 % |
|
2 % |
8 % |
Maladie |
15 |
1,7 % |
|
|
|
4 % |
2 % |
|
Clients |
13 |
1,5 % |
|
13 % |
|
|
|
|
Succession |
12 |
1,3 % |
|
|
6 % |
|
|
|
Voyages |
11 |
1,2 % |
|
3 % |
3 % |
|
2 % |
|
Les emplacements blancs n’indiquent pas l’absence de donnée, mais des valeurs inférieures à 1 % ou que le mot-clef considéré
n’apparaissait pas dans les
vingt premiers classés par importance dans la correspondance du personnage considéré.
À partir des dix premières figures de ce tableau, un graphique fut élaboré, permettant d’identifier rapidement, des points
ou caractères remarquables.
Première remarque relative à ce graphique : Le choix de l’échantillon des lettres étudiées ne fut pas exempt de tout critique
quant à sa représentativité
statistique (Cf. Chapitre VII, Infra). Aussi, les représentations effectuées à partir de pourcentages durent-elles être utilisées
avec prudence. Pour palier cette difficulté et pour compléter la représentation graphique, un autre
diagramme (sur deux pages) fut construit à partir des
valeurs numériques (et non plus avec des pourcentages). Ce document donnait une représentation différente
qui dans certains cas pouvait s’avérer plus proche
de la réalité. Le lecteur trouvera les deux éléments de ce nouveau diagramme en pages 140 et 141,
après les commentaires relatifs du graphique immédiatement
joint qui fut établi sur la base des pourcentages.
Dans la version électronique, cette page volontairement blanche, est à remplacer par la page Excel qui se trouve dans le dossier
:Dans la version
électronique, cette page volontairement blanche, est à remplacer par la page Excel qui se trouve
dans le dossier :
Ce graphique appela les remarques suivantes : Une nouvelle fois, cinq thèmes principaux purent être identifiés : « Mondanités
», « Réseaux », « Etablissement
», « Famille » et « Décès ». Les autres mots-clefs ayant un nombre d’occurrences très nettement moindre
(la surface occupée par l’ensemble des barres d’un
même mot-clef est l’indication de son importance d’apparition).
Il fut déjà signalé que le mot-clef « Mondanités » était présent chez tous les correspondants, et qu’à quelques exceptions
près, il fut chez chacun d’entre
eux, le mot clef le plus souvent identifié. Si l’on exclut Cunégonde de Saxe pour les raisons déjà
mentionnées, il n’est pas surprenant qu’il ait été
particulièrement présent dans la correspondance des princesses. Marie-Anne, Elisabeth et Christine
car elles étaient au centre ou associées à des vies de
cour intenses : celle de Bavière, celle de Vienne et celles de l’Abbaye impériale de Remiremont et
de l’électorat de Trèves.
Les mots-clefs « Réseaux » et « Etablissement » ne furent pas identifiés dans la correspondance du prince Charles. Plusieurs
explications purent être
retenues tout en conservant à l’esprit l’existence possible de distorsions statistiques dans les chiffres
relatifs à la correspondance de ce prince. Il fut
le premier, avons-nous vu, à obtenir un établissement dans un espace géographique et familial différent
de celui des autres membres de la fratrie. En
conséquence, il eut moins que les autres, la nécessité de faire appel au réseau fraternel, réseau
auquel il ne devait pas appartenir ; il n’eut pas non
plus, à solliciter ses frères pour obtenir son propre établissement et en retour, participa peu à
la recherche d’établissements ou de positions pour sa
fratrie et pour les clients de celle-ci. À l’opposé, le mot-clef « Réseaux » fut identifié à un niveau
élevé dans la correspondance des princesse
Anne-Marie, Elisabeth et Cunégonde. Ce mot-clef identifiait deux démarches opposées ; la première
et la plus fréquente consistant à demander au prince
Xavier d’intervenir dans sa zone d’influence en faveur d’un membre de la fratrie ou de ses clients
; la seconde étant la réponse d’un correspondant à une
sollicitation du prince Xavier. Dans l’espace de temps (1770-1791) qui fut celui de cette étude, Marie-Anne
établie dès 1747 dans une position
géographiquement et politiquement centrale : la Bavière, et donc dans un des points centraux du réseau
431, eut à faire face à un
événement important pour lequel elle eut besoin de toutes l’assistance, à défaut, toute la sollicitude,
qu’elle pouvait trouver chez ses frères et sœurs :
la succession de l’électorat de Bavière et le conflit que cela engendra. Elisabeth, qui n’obtint aucun
établissement, si ce n’est des fonctions à la cour de
Vienne, et Cunégonde qui ne devint princesse abbesse qu’en 1776, furent à la recherche d’établissements
et donc durent solliciter le réseau du prince
Xavier. Quant au prince évêque Clément, sa recherche permanente de prébendes qui fut déjà signalée,
explique la fréquence élevée du mot-clef « Etablissement
» dans sa correspondance, une fréquence bien supérieure à celles rencontrées dans la correspondance
des autres membres de la fratrie. Seconde dans
l’identification du mot clef « Etablissement » : la princesse Christine ; la relecture de sa correspondance
fit apparaître que ce mot-clef fut dans un cas
sur deux, associé à l’administration de son propre établissement, mais que pour les autres identifications,
il s’agissait de trouver une position pour ses
sœurs : Elisabeth et surtout Cunégonde, un bon exemple du fonctionnement du réseau de la fratrie.
Deux derniers mots-clefs par l’importance de leur fréquence : « Famille » et « Décès ». Ces mots-clefs ne furent pas nécessairement
associés ; en effet, les
décès annoncés étaient d’abord ceux des membres de la maison de Saxe et des familles alliées, mais
aussi et souvent, ceux de personnages importants ou
connus de la fratrie. Pourquoi était-ce dans la correspondance de Clément de Saxe, l’ecclésiastique
célibataire que fut identifié le plus fréquemment le
mot-clef « Famille » ? Une relecture de la « base de données » fit apparaître que « le prêtre » de
la fratrie, intervint souvent dans les événement
familiaux : naissances et décès, mais aussi sur les questions touchant l’éducation des enfants et
la vie religieuse de la fratrie et de leurs descendants.
Il en fut de même dans les lettres de Marie-Anne de Saxe, la princesse donnait très souvent des nouvelles
familiales.
Comparaison sur une base numérique des identifications des mots-clefs dans la correspondance de la fratrie.
Il fut noté en page 136, que le choix de l’échantillon des lettres étudiées ne fut pas exempt de tout critique quant à sa
représentativité statistique et que
cette remarque fit l’objet d’un commentaire dans le chapitre VII à venir. En conséquence, les représentations
effectuées à partir de pourcentages
durent-elles être utilisées avec prudence. Pour palier cette difficulté et pour compléter la représentation
graphique, un autre diagramme (sur deux pages)
fut construit, non plus à partir des pourcentages mais sur la base des valeurs numériques qui furent
doublement comparées, d’abord entre les différents
membres de la fratrie, et ensuite, entre elles pour un même correspondant.
La représentation était différente. Elle était construite sur une réalité : le nombre des lettres étudiées. Pourtant, elle
ne s’exonérait pas des difficultés
qu’avait introduite un échantillonnage dont on pouvait questionner la représentativité. Si le graphique
présentait l’avantage d’être l’exacte image de la
correspondance, son interprétation était plus difficile et une nouvelle fois, des réserves devaient
être émises ; le volume extrêmement important des
correspondances des princesses Elisabeth et Marie-Anne pouvaient fausser les comparaisons avec les
autres membres de la fratrie. Cette remarque étant
considérée dans le maniement des résultats, cette seconde représentation donnait une image différente
et plus explicite des questions traitées par la
fratrie dans sa correspondance, et donc des pôles d’intérêts de ses membres.
L’analyse de ces graphiques fut volontairement limitée. Première constatation, il apparut très explicitement que les princesses
Elisabeth et Marie-Anne, et
dans une moindre mesure, le prince Clément, consacrèrent une grande partie de leur courrier à donner
des nouvelles de cour (mot-clef « Mondanités », « Décès
», « Mariages », « Fêtes »), ou familiales (« Famille », « Enfants »). Ils utilisèrent (ou servirent)
le réseau (mots-clefs : « Réseaux », « Établissement
») plus que les autres. Le prince Clément fut le plus sollicité et le plus solliciteur pour obtenir
des interventions de la fratrie en faveur de leurs
potentiels clients. La recherche d’un établissement fut une ambition commune à toute la fratrie comme
le fit apparaître le mot-clef correspondant.
Graphique sur deux pages, comparant le volume d’apparition des vingt mots clefs les plus fréquents dans la correspondance
de la fratrie.
Dans la version électronique, ces deux pages se trouvent dans le document :
Graphique sur deux pages, comparant le volume d’apparition des vingt mots clefs les plus fréquents dans la correspondance
de la fratrie.
Dans la version électronique, ces deux pages se trouvent dans le document :
Conclusions.
Pour conclure ce chapitre, l’étude statistique générale de la correspondance, comme l’étude comparative des lettres de chaque
membre de la fratrie, firent
apparaître que, malgré des variations somme toute assez limitées, deux grands thèmes étaient présents
et faisait l’objet des lettres de la fratrie avec une
importance et une fréquence identiques. La correspondance avait pour but d’informer, c’est-à-dire,
de donner des nouvelles, soit de la cour, soit de la
famille, soit enfin, des personnes qui étaient connues de la fratrie.
Elle permettait le fonctionnement du réseau, avec un double objectif principal : fournir un établissement aux membres de la
fratrie qui en étaient dépourvus
ou qui souhaitaient progresser dans la société des princes, et aussi procurer des positions et des
emplois aux personnes appartenant à la clientèle de la
maison de Saxe.
Enfin il fut possible de dessiner au gré de l’étude de la correspondance, le réseau de la fratrie et de déterminer ses nœuds
centraux. Il y eut d’abord l’axe
Vienne - Paris avec les présences du prince Albert et de la Dauphine dans chacune de ces villes. Il
y eut ensuite Munich - Vienne – Paris, avec le
déplacement d’une partie de la fratrie qui se réfugia dans l’électorat de Bavière. Puis pendant quelques
années, l’amitié du roi Stanislas avec la princesse
Christine, et celle du prince Xavier avec Madame Adélaïde, créèrent un centre nouveau à Lunéville.
Enfin les années soixante-dix, malgré la disparition de
la Dauphine et à la suite à l’obtention du siège épiscopal de Trèves par le prince Clément, virent
apparaître de nouveaux pôles : Trèves - Remiremont avec
Clément et Christine de Saxe et surtout Paris avec l’établissement définitif du prince Xavier en France,
la présence périodique d’une ou deux princesses de
Saxe auprès des filles du roi Louis XV, et les visites de membres de la fratrie. À la veille de la
Révolution française et de l’exil du prince Xavier, le
réseau s’était élargi et s’articulait autour de quatre pôles : Paris, Trèves, Bruxelles et Vienne.
Mais les membres de la fratrie avaient vieilli ; leurs
ambitions s’étaient émoussées ; ils avaient tous obtenu un établissement qui leur convenait ; le réseau
n’avait plus de raison d’être, si ce n’était de
maintenir les liens d’amitiés fraternelles entre ses membres.
Base de données.