LES SOURCES, UN TRESOR HISTORIQUE OUBLIE : LE FONDS DE SAXE .
Un départ en exil dans la précipitation.
Au début de l’année 1791, le prince Xavier de Saxe, oncle du roi Louis XVI, connu en France sous le titre de comte de Lusace18, comprenant la gravité de « l’orage politique19 » qui secouait la France quitta sa résidence de Pont-sur-Seine, une seigneurie à mi-chemin entre Provins et Troyes, pour s’exiler en Saxe. Ce départ se fit dans la précipitation, le prince n’emporta que « sa cassette et ses bijoux les plus précieux20 » ; Il laissa sur place le mobilier du château y compris les tableaux qui le décoraient, la bibliothèque et ses archives personnelles. Le 6 novembre de la même année, par décret spécial, il fut sommé de rentrer dans un délai de deux mois. Sa qualité de prince étranger ne lui étant pas reconnue malgré les efforts de ses agents, il fut porté sur la liste des émigrés, ses biens furent confisqués et le 31 mars 1793, les scellés furent apposés dans le château de Pont-sur-Seine.
La saisie et la dispersion des biens mobiliers du prince de Saxe.
Du 26 floréal au 12 messidor de l’an II (mai et juin 1793), deux commissaires délégués du district de Nogent-sur-Seine, rédigèrent par ordre alphabétique des titres des ouvrages, le catalogue de la bibliothèque du prince qui totalisait près de sept mille volumes. Dix jours plus tard, en exécution d’un arrêté du Comité de Salut public, ces deux commissaires « eurent la mission de tirer de la bibliothèque du château de Pont […] toutes les cartes, plans de toutes espèces, ainsi que les ouvrages manuscrits ou imprimés relatifs à la géographie, à la topographie et à l’hydrographie qui [pouvaient] s’y trouver. Le 23 messidor [soit le lendemain,] six caisses remplies de plans de campagne, de tracés de fortifications, d’atlas et de cartes géographiques de différents parties de l’Europe, parmi lesquelles la collection complètes des cartes de toutes la France visées par l’Académie, de plans de sièges de différentes places militaires, d’ouvrages concernant la guerre […] etc., étaient expédiées sur Paris21 » dans, il faut le reconnaître, une grande précipitation.
Le 3 floréal an VI (avril 1798), « le Directoire qui avait à statuer sur une demande de radiation du nom de François-Xavier de Saxe de la liste des émigrés, prit un arrêté qui maintenait définitivement le nom du ci-devant comte de Lusace sur cette liste22 » et confisquait ses biens au profit de la République. À la réception de l’arrêté, l’Administration centrale du département de l’Aube, décida que « préalablement et avant qu’il soit procédé à la vente du mobilier dudit Saxe, […] il sera distrait dudit mobilier tous les papiers, titres, contrats, baux, registres, sommiers concernant la propriété des biens du ci-devant appartenant à l’émigré Xavier, ainsi que les armes, les livres, tableaux et autres monuments d’art [… et qu’ils] seront de suite transférés, [à] savoir : les papiers aux archives du département ; les livres à la bibliothèque ; les tableaux au musée de Troyes23 ».
Il existe une certaine confusion quant à l’exécution de cet arrêté. Il aurait été modifié par une décision conjointe du Directoire et du ministère des finances informant l’administration centrale du département de l’Aube « qu’il était plus avantageux aux finances de la République, de faire transférer à Paris sans retard, la totalité du mobilier24 ». Pour J.-J. Vernier, l’arrêté ne reçut son exécution complète qu’en ce qui concerne les archives qui furent bien transférées dans leur totalité sur Troyes et que les tableaux, les œuvres d’art et les livres auraient été envoyés sur Paris. Pourtant, certains tableaux et certains livres de Pont-sur-Seine se trouvent actuellement au musée et à la bibliothèque de Troyes. Nous pensons personnellement que seules les pièces de mobilier furent expédiées à Paris et que Troyes reçut la totalité des tableaux et des livres. L’étude des inventaires du musée et de la bibliothèque pourrait confirmer cette hypothèse25.
Ainsi, il devrait être possible de trouver dans les réserves du musée des beaux-arts et d’archéologie de la ville de Troyes26, les vingt-neuf tableaux saisis au château de Pont-sur-Seine. Nous pensons qu’il est peu probable qu’ils aient été dispersés car traitant de scènes de l’ancien régime, ils étaient peu recherchés en ces temps révolutionnaires. Pour le ministre des finances ils constituaient « autant de motifs pour ne pas exposer aux yeux de véritables républicains, [des] composition[s] aussi contraire aux sentiments qu’ils ont pour la conservation de leur liberté et la prospérité du nouveau gouvernement que nous avons établi27 ». Parmi ces tableaux, J.-J. Vernier cite : « Un Sacrifice d’Abraham, une femme en Diane, Une Marie de Médicis, et surtout La réception du duc de Longueville dans l’ordre du Saint-Esprit par Louis XIII en 1633 », peint par Philippe de Champaigne (1602-1674) qui occupe actuellement une place de choix au musée de Troyes.
Les archives du prince Xavier de Saxe deviennent le Fonds de Saxe.
Le 29 messidor de l’an VI (juillet 1797), « vingt caisses pesant 5000 livres28 » et contenant les documents, titres et papiers du prince Xavier de Saxe, furent transférées du château de Pont-sur-Seine aux archives du département de l’Aube par les « citoyens Robin et Bazaine ». Les instructions du « commissaire du Directoire exécutif près du canton de Pont-sur-Seine » prévoyaient qu’un inventaire de ces archives fût rédigé avant tout transfert. Une nouvelle fois, comme pour la bibliothèque du prince, ce travail fut extrêmement sommaire puisque l’expédition s’effectua dix jours après la rédaction des instructions d’inventaire.
Après ce transfert, il semble qu’aucun travail n’ait été effectué sur le Fonds pendant de nombreuses années. Si celui-ci fut mentionné dans les Documents concernant les émigrés, cote 4Q-8229, il n’en fut plus question par la suite, et pendant près de cinquante ans, ces archives dormirent sans que personne ne s’y intéressât. Ce fut seulement en 1841 que Vallet de Viriville, archiviste à Troyes, publia une notice30 sur le Fonds et plus particulièrement sur les archives de la principauté de Pont-sur-Seine. Quelque dix ans plus tard, son successeur immédiat dans la fonction, Ph. Guignard rédigea un rapport à Monsieur le Ministre de l’Instruction publique sur les papiers de S.A.R. le prince Xavier de Saxe conservés dans les Archives du département de l’Aube31.
Vingt-cinq ans plus tard, un érudit local, Arsène Thévenot, célèbre pour les nombreux mémoires et monographies rédigés sur des thèmes régionaux, publia en 1874, un volume sur la correspondance inédite du prince François-Xavier de Saxe32 et un article de cinq pages sur l’ancien château de Pont-sur-Seine dans l’annuaire de l’Aube de cette même année 187433. Ces travaux feront l’objet d’un paragraphe spécifique dans le présent chapitre.
L’inventaire de J.-J. Vernier.
Une nouvelle période de vingt-cinq ans s’écoula avant que de nouveaux travaux ne fussent entrepris sur ce Fonds. En 1898, Charles Bréard publia à Paris dans un ouvrage de 647 pages, la Correspondance inédite du général-major de Martange3435. Cet ouvrage fut rédigé à partir de la consultation, d’une part, des archives de la ville d’Elbeuf où sont, semble-t-il, conservés les documents du général Martange qui lui aussi quitta le territoire français pour l’exil, et qui vit ses archives saisies par les autorités révolutionnaires, et d’autre part, par la consultations des archives du ministère des Affaires étrangères, documents relatifs à la Pologne et à la Saxe. Quelques lettres du prince Xavier de Saxe, sont citées dans cet ouvrage ; Charles Bréard indique dans sa préface qu’il consulta aux Archives départementales de l’Aube, les liasses relatives à la correspondance du prince Xavier avec le général Martange.
En « juin 1899, Ulysse Robert, inspecteur général des archives [fut] envoyé à Troyes pour examiner sur place la richesse du Fonds de Saxe36 ». La nécessité d’un travail de classement fut immédiatement reconnue et pour pallier les difficultés que pouvaient présenter pour des archivistes, le traitement de documents militaires dont un grand nombre était en allemand, une équipe de travail mixte fut constituée. Elle comprenait des archivistes, mais aussi quatre lieutenants germanistes, sous la direction du chef de bataillon Veling, ancien professeur d’allemand aux écoles militaires de Fontainebleau et de Saint-Cyr. Le détachement des militaires d’active dura huit mois.
Efficacité surprenante de cette équipe, quatre ans après la visite d’évaluation de l’inspecteur général des archives, c'est-à-dire en 1903, fut publié le premier tome de l’Inventaire sommaire des archives départementales de l’Aube, série E* (Fonds de Saxe)37. Cet inventaire ne fut complété que trois tomes et sept ans plus tard. Il fut réalisé par l’archiviste départemental Jules-Joseph Vernier, il portait les signatures conjointes pour la première section relative à la guerre de Sept ans, du commandant Veling et des lieutenants Rigoudot, Burg, Rumpler et Tribout, et pour les autres sections, de A. Boutillier du Retail, lui aussi archiviste de l’Aube. Il s’agit d’un travail gigantesque, puisqu’il consista à inventorier Trois mille liasses contenant plus de cent mille38 pièces. Certaines pièces furent spécifiquement inventoriées, datées, et cotées, leur auteur, leur origine et leur destinataire identifiés ; enfin, des analyses parfois très complètes avec de larges citations telles qu’elles étaient présentées au début du siècle dernier, furent rédigées et proposées au lecteur. Ainsi l’analyse de la première pièce, un cahier in-folio de huit feuillets écrit à la main : Déclaration du roi de Pologne sur les motifs qui l’ont obligé de joindre ses troupes à celle de l’impératrice-reine Marie-Thérèse d’Autriche, comprenait environs trois mille deux cents mots (!).
Le classement en liasses serait d’origine, un simple partage des liasses en deux grandes séries et pour la première série, en huit sections, fut réalisé par l’archiviste Guignard dans les années 1840. Il faut noter qu’en 1864, « le gouvernement de la Saxe demandât et obtînt la remise de la presque totalité des documents de la deuxième section, concernant le gouvernement de la Saxe et particulièrement l’administration du prince Xavier pendant la minorité de son neveu Frédéric-Auguste III, de 1763 à 176839 ». Aucune copie ne fut faite et en conséquence, « il ne reste donc plus que sept sections40 ».
En 1920, l’archiviste adjoint Pierre Pietresson de Saint-Aubin indiqua qu’il existait des pièces appartenant au Fonds de Saxe qui avaient été retrouvées ou entrées après la rédaction des inventaires de J.-J. Vernier. Une ébauche d’inventaire complémentaire fut alors rédigée, mais il s’avéra quelques années plus tard que son utilisation ne permettait pas de retrouver le moindre document. Aussi en 1992, Benoît Van Reeth, directeur à cette époque des Archives départementales de l’Aube, procéda quelque temps avant son départ de cette fonction, à « une reconnaissance très sommaire de ce supplément » et un inventaire, lui aussi très élémentaire, fut rédigé. L’auteur le qualifia « de projet d’instrument de travail ». Il concerne 148 liasses. Il s’agit pour la plupart, de pièces de livres de compte ou d’inventaires.
Présentation du Fonds de Saxe après l’inventaire de J.-J. Vernier.
Le Fonds de Saxe est divisé en deux grandes séries (parties). La première se compose « des archives particulières du prince Xavier, la seconde comprend les archives du château de Pont-sur-Seine, c’est-à-dire les titres de la seigneurie, mais aussi ceux de la terre de Chaumot41 et quelques pièces relatives à l’hôtel que le prince possédait à Paris4243 ». La première de ces deux séries a été, dit J.-J. Vernier, divisée par M. Guignard en huit sections ; sept depuis la remise au gouvernement saxon en 1864 de la seconde section qui concernait le gouvernement de la Saxe et l’administration du prince Xavier pendant la minorité de son neveu Frédéric-Auguste III, entre 1763 et 1768. En réalité, un remaniement dut être effectué entre le début et la fin des travaux de J.-J. Vernier, car les sept sections promises s’avèrent en compter neuf.
La première section renferme les pièces relatives à la guerre de Sept ans. Elle comprend mille quatre cent vingt liasses représentant, dit J.-J. Vernier44, « pas moins […] de quarante-quatre mille pièces et huit cent quatre-vingts registres ou cahiers donnant un total de dix neuf mille feuillets ». « Nous [y] trouvons consignés tous les faits45 » du théâtre européen de la guerre de Sept ans, « au jour le jour pour ainsi dire, et parfois minutieusement détaillés, soit dans les journaux de campagne que nous possédons pour toute la durée de la guerre, soit dans la correspondances multiples des généraux avec les officiers de tous grades […], soit dans les journaux d’ordres et de marches ou dans les rapports d’émissaires, d’espions et de déserteurs ». Suit une longue énumération de certains documents que cette section contient et que J.-J. Vernier a estimé devoir citer ; ce que nous faisons avec lui46 :
« […] les journaux de Frédéric-Christian-Auguste, prince électeur de Saxe, du prince Xavier de Saxe, du prince Charles de Pologne et de Saxe son frère, de l’armée impériale et royale sous les ordres du prince Charles de Lorraine et du maréchal comte de Daun, du général Riedesel, de la campagne en Moravie et en Silésie et de l’expédition de Bohème ; relation du siège de Breslau et des batailles de Prague, de Kollin, de Leuthen, de Zorndorf, de Luttenberg, de Minden, de Strehla, de Torgau, de Willingshausen, et de Johannisberg ; - lettres ou rapports des généraux de Fontenay, envoyé extraordinaire du roi de Pologne à Paris, comte de Solms, Riedesel ; du colonel (plus tard général) de Martange ; des colonels Graffen, Zawoyski, de Boisgelin, Jesperson, Obernitz, Carlsbad, de Bennigsen ; de Turritelle, espion de l’armée française, qui, en 1761, pour un prétendu mécontentement, entra à l’armée du roi de Prusse où il obtint le grade de lieutenant-colonel ; des capitaines Le Coq, Meerfeld, et Freywald ; des majors Acarie, Meyers, Eberstein, Minckwitz, Goltz, Angermann ; du colonel Marainville ; du duc de Choiseul ; des maréchaux de Belle-isle, de Contades, d’Estrées, de Soubise ; des chevaliers La Touche et l’Ami ; du comte de Brühl, Premier ministre du roi de Pologne ; du comte de Calenberg, correspondant du prince Xavier à Munich ; toute la correspondance du maréchal duc de Broglie avec le prince Xavier47, et les rapports des officiers détachés et aux postes avancés pour les campagnes de 1760 et 1761 (environ quatre mille pièces) ; celle du général comte de Solms avec le même maréchal et autres généraux des armées de France et de l’Empire et avec les autres officiers du corps saxon et de l’armée française ; celle de Xavier de Saxe avec le comte Fleming, ministre du roi de Pologne à Vienne, et avec le duc de Gotha, le prince de Deux-Ponts, le prince-évêque de Würzbourg, les généraux de Haddick et Luzinski ; etc. À côté de ces documents de premier ordre, citons encore, quoique d’un intérêt moindre, les mémoires politiques, les plans de bataille, les projets de règlements de manœuvres, les mémoires d’officiers de toutes armes et les pamphlets de toute espèce contre Frédéric II ».
Avec la seconde section, nous sortons de la guerre de Sept ans pour entrer dans le domaine de la correspondance particulière et intime du prince Xavier de Saxe ; celle qu’il échangea avec les membres de sa famille et avec les « ministres de Saxe et ceux des puissances étrangères48 ». Nous y découvrons que cette section qui contient les documents faisant l’objet de notre étude, est celle qui est la mieux connue grâce aux travaux « d’un savant champenois […] Arsène Thévenot49 [qui] pendant les tristes loisirs que lui firent les événements de 1870-1871, cherchant à oublier le présent en s’occupant du passé, entreprit de faire le dépouillement de cette partie du Fonds de Saxe50 ». Ce travail fit l’objet d’un ouvrage, Correspondance inédite du prince François-Xavier de Saxe, Paris, Librairie historique et archéologique de J.-B. Dumoulin, 1874. 349. Cette seconde section est divisée en trois sous parties :
Soit pour l’ensemble des trois sous parties : « cinquante mille lettres émanant de huit cents correspondants54 ». La lecture de ces lettres est loin d’être rébarbative et de fait, souvent plaisante. On trouve en effet un peu de tout dans cette correspondance : « une mine abondante sur les mœurs, les usages et la vie du XVIIIe siècle, un trésor inépuisable qui offre un fidèle reflet de la politique de la France, de la Prusse, de la Russie, de l’Autriche et de la Saxe55 ». On trouve aussi des anecdotes historiques, des couplets, des chansons satiriques sur les grands personnages du royaume, « des libelles [dans lesquelles les auteurs] ne ménagent point les sarcasmes56, » le récit d’intrigues et de mésaventures scabreuses visant parfois des ministres et jusqu’aux frères du roi. Le grand Voltaire de 177857 n’y est pas épargné.
Les sections suivantes, de la troisième à la neuvième, sont plus spécialisées. Elles concernent respectivement :
La seconde partie du Fonds : les archives du château de Pont-sur-Seine, comprend quatre cent vingt-deux fascicules cotés E*2728 à E*3094 .
La partie complémentaire, inventoriée par Benoît Van Reeth en 1992, comprend cent quarante-huit fascicules cotés E*3095 à E*3142 .
Travaux et études complémentaires à l’inventaire de J.-J. Vernier, menés sur le Fonds de Saxe.
Nous avons identifié quelques grands ouvrages qui furent publiés pendant et autour de la période de rédaction de l’inventaire de J.-J. Vernier. Nous les avons déjà cités, mais nous souhaitons les indiquer à nouveau : Il s’agit d’abord de l’ouvrage d’Arsène Thévenot, Correspondance inédite du prince François-Xavier de Saxe, Paris, Librairie historique et archéologique de J.-B. Dumoulin, 1874.
Vient ensuite l’ouvrage de Charles Bréard, Correspondance inédite du général major de Martange, Paris, A. Picard et fils, 1898, 647 pages, qui se réfère à des sources originales dont le Fonds de Saxe.
Troisième ouvrage, un document exceptionnel pour toute étude sur la guerre de Sept ans, les quatre tomes contenant respectivement 215, 245, 229 et 309 lettres (émises ou reçues) que se sont adressées le maréchal duc de Broglie et son subalterne directe le général commandant l’aile droite de l’armée française, le prince Xavier de Saxe. Le document se présente sous la forme d’une série de séquences du type « question-réponse » sans commentaire ni analyse des auteurs. Il fut rédigé par Charles-Jacques-Victor-Albert duc de Broglie, petit descendant direct du maréchal et par Jules-Joseph Vernier, l’auteur de l’inventaire. Il a pour titre : Correspondance inédite de Victor-François duc de Broglie, maréchal de France avec le prince Xavier de Saxe, comte de Lusace, lieutenant-général pour servir à l’histoire de la guerre de Sept ans. Campagnes de 1759 à 1761, Paris, Albin Michel, 1903, quatre volumes, 464, 648, 664 et 729 pages.
Il nous faut attendre quelque vingt ans, avant de pouvoir identifier un nouvel ouvrage se référant de près ou de loin, au Fonds de Saxe. Il s’agit d’une courte étude de vingt-sept pages publiée par Albert Dechène en 1929 sous le titre : Un précepteur de prince au XVIIIe siècle, Barruel chez le prince François-Xavier de Saxe, 1774-1777. Ce thème et ce personnage furent repris dans un mémoire de maîtrise publié à l’université de Paris I en 1981 par Mademoiselle Valérie d’Anglejan-Chatillon sous le titre : Deux éducations aristocratiques à la fin du XVIIIe siècle. Les princes Louis et Joseph de Saxe58.
Actuellement, deux étudiantes de L’Institut Universitaire des Métiers du Patrimoine59 préparent des mémoires de maîtrise à partir du Fonds de Saxe et portant, l’un sur le domaine de Pont-sur-Seine, l’autre sur le domaine de Chaumot, première résidence campagnarde française du prince Xavier de Saxe, un domaine localisé dans la région de Sens.
Conclusion.
Avec soixante mille documents sur la guerre de Sept ans et cinquante mille autres lettres de quelque huit cents correspondants60 dont de nombreuses têtes couronnées, le Fonds de Saxe offre le paradoxe de constituer un gisement exceptionnel de sources historiques pour la guerre de Sept ans et le dernier quart du XVIIIe siècle, un gisement localisé à moins de deux heures de trois grands centres universitaires61, et d’être toujours inexploité. Car si nous faisons abstraction de la publication de « correspondances » dans leur forme brute, seulement une courte étude et un seul travail universitaire lui ont été consacrés. Actuellement, le Fonds fait l’objet de trois mémoires de maîtrise, un véritable progrès. Souhaitons que ce ne soit que les prémices d’un travail continu des historiens sur ce Fonds62.
En ce qui nous concerne, nous eûmes la chance de nous voir indiquer63 l’existence de ce Fonds. Nous eûmes ensuite le plaisir de découvrir son histoire et sa richesse. Enfin, à travers l’étude de sa correspondance, nous pûmes avec une immense satisfaction, celle de l’historien, pénétrer chaque jour un peu plus dans la vie du prince Xavier de Saxe. Il nous semble opportun à ce stade de notre travail, de présenter le personnage qui rassembla ces archives, en rédigeant une courte biographie qui fait l’objet du chapitre suivant.